Depuis quelque temps, ma vie avait retrouvé un cours plutôt normal. Premièrement, j'étais de retour à San Francisco, et les quelques mois passés à New York ne me manquaient absolument pas. J'avais pu retrouver tous les amis que je m'étais fait à l'université, et hors université également. Cela ne veut pas dire que je ne m'étais fait aucun pote à la grosse pomme, que j'avais passé les trois mois à glander dans mon coin, à vivre en reclus sans adresser la parole à qui que ce soit. Bien au contraire, seulement … c'était vraiment différent, aussi bien au niveau de l'ambiance qu'au niveau des personnes en elles même. Une mentalité totalement à part. Peut être le temps plus froid de la côte Es, allez savoir, je ne m'étais pas penché sur des investigations socio-météorologiques. Je m'en foutais pas mal, surtout depuis que j'étais rentré. La côté Ouest me manquait vraiment, je me sentais plus à l'aise, plus chez moi. En même temps, j'avais toujours vécu ici, et vu les moyens financiers de mes parents, je n'avais pas beaucoup quitté le sol de San Francisco. Pour ne pas dire : je n'avais jamais foutu les pieds ailleurs qu'ici. Triste constant. Au moins, New York m'avait fait voir du pays. Bref. Deuxièmement, et sûrement le point le plus important dans mon retour : Andreas. Il était sûrement la principale motivation de mon retour … Sinon je serais resté à New York et aurait fatalement fini par m'habituer à l'ambiance stressante de la ville, parvenant à me fondre dans la masse et me refaire une nouvelle vie loin de San Francisco et de son lot de souvenirs. La seule chose qui me rattachait à ma vie d'avant, c'était quoi en fait ? Lui, et seulement lui. Ma mère aussi, fallait pas l'oublier, mais elle pouvait très bien prendre l'avion pour venir voir son fils prodige. Andy lui, je l'avais fait souffrir, l'avait laissé en plan et je m'en étais voulu cruellement. Je l'aimais toujours et à New York, il n'y avait pas eu un instant sans que je ne mette à penser à lui. Alors j'étais rentré. Certes, la partie n'avait pas été facile pour le récupérer … Loin de là même. Pendant un moment, j'avais même pensé à faire chemin arrière, et sauter dans le premier avion direction la grosse pomme tellement la situation semblait désespérée entre nous deux. Heureusement que je ne me laisse pas embarquer par mes pulsions, que je réfléchis quand même cinq minutes avant de faire n'importe quoi … Sinon je serais de nouveau parti, et Andy et moi ne serions pas de nouveaux ensemble.

Je finis par ouvrir les yeux, passant ma main dans mes cheveux en laissant échapper un long soupir. J'ai un mal de crâne atroce, sûrement les restes de la veille. Le bal, Andy et moi n'y étions pas resté des heures, juste le temps de picoler un peu, et de partir chez les Omega pour se faire un after digne de ce nom, bouteilles sous le bras. Dire qu'on avait postulé pour le titre de reine et roi de berkeley. L'immense blague. Roi et roi. Tu parles. A l'aide de mes coudes, je me redresse doucement, jetant un coup d'œil à côté de moi, découvrant les corps nus de mon petit ami et de Plas. Un sourire en coin en me remémorant les restes encore conscients de la soirée d'hier. Je finis par me relever, cherchant des yeux où mon boxer avait pu atterrir. Je le retrouve enfin, l'enfilant avec un t shirt et me dirigeant vers la porte de la chambre. Autant les laisser dormir encore un peu, et revenir plus tard, douché et plus frais que dans l'immédiat. Sans bruit, je referme la porte, me dirigeant vers ma propre chambre. […] Grand cri dans le couloir. « SOAN ! Rappelle ton mec dans ta piaule tout de suite, j’en connais un il a pas pu prendre la porte hier soir, alors OK tu peux le laisser crécher à la maison de temps en temps, mais mon lit c’est pas la solution. » Et je reconnais directement la voix de Plas. Gosh, qu'est ce qu'il avait à hurler de bon matin, surtout après le bal où tous les omégas avaient dû se mettre une sacrée race, pas la peine de réveiller le quartier. Et surtout, qu'est ce qu'il pouvait raconter ? Je traverse le couloir, ayant au préalable enfilé des fringues propres. Je traverse le couloir en traînant des pieds, rentrant dans la chambre de Plas sans frapper. Mon petit ami est toujours couché dans le lit, et je viens directement me poser à côté de lui, passant une main dans ses cheveux. « C'est pas la peine de te mettre à gueuler chou. » Sourire amusé sur les lèvres, je tourne la tête vers Plas, qui n'a pas franchement l'air de bonne humeur. « T'as l'intention de nous virer comme des mal propres ? Pourtant t'étais bien content de nous avoir hier. Enfin, d'après ce dont je me souviens. » Je tourne de nouveau les yeux vers mon petit ami, me penchant vers lui pour déposer un bref baiser sur ses lèvres. « Il prend son pied et nous vire juste après ... » Et de nouveau je tourne la tête vers notre hôte, échappant un petit rire moqueur. « Sauf si t'as envie de remettre ça. » Personnellement, je n'étais pas franchement d'attaque. Juste pour me moquer un peu. Une fois pas deux.

. PLAS, SOAN & ANDREAS..WHY DO I FEEL THIS PARTY OVER.
Généralement, le bal de fin d'année ce n'est pas franchement mon truc. Pour être honnête je m'en branle royalement. Le seul avantage que j'y trouve, c'est que l'on peut bouffer et picoler à volonté – ou presque. Je préfère largement aller m'éclater avec une bande de potes dans un bar – ou bien à mon appartement - à picoler comme des trous jusqu'à ne plus tenir debout. Alors ouais, pour ma part aller au bal c'était quelque chose de franchement chiant. Une grande perte de temps. D'autant plus que je ne voyais absolument pas pourquoi j'irais foutre les pieds là-bas. Et avec qui ? Ce genre de connerie c'est bien pour les gonzesses qui croient au prince charmant. Enfin ca, c'est ce que je disais avant de me remettre en couple avec Soan. J'étais presque devenu un anti-couple, à la limite de créer un gang pour tabasser tous le couples que je croisais dans la rue. J'étais devenu une vraie loque, une épave. Un boulet que l'on trainait. Evidemment lorsque ce cher Wilshire a refait son apparition du jour au lendemain, je ne me suis pas laissé attendrir aussi facilement. Non, j'aurais même préféré qu'il reste à moisir dans sa putain d'université de prestige. Pauvre Soan quand j'y repense, j'ai été infernal. Un soir je me souviens avoir prié pour que l'immeuble dans lequel il devait vivre s'effondre. Mais bon, ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres. Les mois pendant lesquels nous sommes restés séparés l'un de l'autre m'a paru être des années. J'sais pas si c'est mon abus de la came et de l'alcool qui m'ont fait perdre toute notion du temps. Dans tous les cas, je suis plutôt fier d'avoir réussi à mettre ma fierté de côté pour que Soan et moi puissions repartir à zéro. Que l'on tente une nouvelle fois quelque chose. Car si j'étais bien sûr et certain de quelque, c'est que je ne voulais plus jamais être séparé de lui. Quelle vie à la con je menais depuis des mois. Soan me faisait sortir la tête de l'eau pour le coup. C'était comme une bouffée d'oxygène. Alors pour recoller les morceaux et que l'on s'éclate un peu, nous avions décidé d'aller à ce fameux bal en tant que Roi et Roi de la soirée. Quoi que Soan pourrait être ma reine vu qu'il croit à ces conneries de comptes de fées et je suis presque sûr qu'une robe de princesse lui irait à merveille. Bref, le plus marrant c'était de voir Soan tirer sur sa cravate toutes les trente secondes. Ca le changeait d'être habillé en costard. Il était beau comme ca. Encore plus beau que d'habitude. Mais nous, ce qu'on voulait réellement c'était l'after. Ouais, c'était la partie la plus intéressante de la soirée.

[…] « SOAN ! Rappelle ton mec dans ta piaule tout de suite, j’en connais un il a pas pu prendre la porte hier soir, alors OK tu peux le laisser crécher à la maison de temps en temps, mais mon lit c’est pas la solution. » MAMAN QU'EST-CE QUI SE PASSE ???!!! D'un bon je me réveille, les yeux grands ouverts comme des soucoupes et en appuie sur mes coudes. Mais il est taré ce mec ! Je porte une main à ma poitrine, le souffle rapide. Il sait pas que je suis cardiaque cet imbécile ?! Il va vraiment falloir que je me fasse tatouer cette info en rouge, en lettre capitale et en plein milieux du front. Après avoir hurlé jusqu'à en réveiller toute la baraque, Plas se retourne vers moi « Je sais pas ce que tu fais ici mais tu vas avoir vite fait de dégager, je suis pas d’humeur à te faire des papouilles. Sauf si t’as une bouteille à me filer, dans quel cas je la prendrais volontiers pendant que tu sors de ma piaule.  » N'ayant pas bougé d'un pouce, je le fixe droit dans les yeux, l'air blasé – ou plutot encore à moitié endormi – et lui fait un joli doigt d'honneur. « Ferme-là Ken. Ta voix est très désagréable au réveil. » Je lui sors avant de me repositionner sur le côté afin de caler ma tête contre un oreiller. Si il y a bien quelque chose que je déteste, c'est d'être réveillé de cette façon là. Non mais il se prend pour qui celui-là ? « Sois belle et tais-toi Amour tu veux ? » Continuais-je en m'étalant un peu plus sous les draps tout en fermant les yeux. J'suis bien ici moi. J'ai pas envie de bouger. Rapidement le bruit d'une porte qui s'ouvre se fait entendre. Dans la foulée le matelas s'affaisse et une main s'aventure de ma tignasse brune. Ouvrant les yeux, je me retourne et souris à mon petit-ami avant de passer un bras autour de sa taille. « T'as l'intention de nous virer comme des mal propres ? Pourtant t'étais bien content de nous avoir hier. Enfin, d'après ce dont je me souviens. » Face à ces paroles je laisse échapper un rire. La gueule qu'il tire le Tanners. « je confirme, j'ai encore la marque de tes ongles dans mon dos. Une vraie tigresse. » J'enchaine aussitôt sur un ton amusé avant que mon petit-ami ne m'embrasse. « Il prend son pied et nous vire juste après ...Sauf si t'as envie de remettre ça.  » Je lève un sourcil et affiche un rictus moqueur. « Tu sais si on te dérange, tu peux toujours nous laisser ta chambre. J'suis certain qu'une nana sera ravie de t'accueillir dans sa piaule. Et puis moi j'suis bien dans ce plumard donc j'ai pas franchement l'intention de bouger. » Dis-je les bras croisés et la tête calée contre l'épaule de mon petit-ami. « D'accord on a fait des folies toute la nuit, mais c'est pas une raison pour être désagréable. J'ai de quoi être désagréable moi aussi vu comment tu m'as abimé. » Dis-je tout en examinant mes pauvres petits bras d'anorexique. « Faut voir le bon coté des choses, on a révélé ta vraie nature. T'es gay. » Affirmais-je avec un large sourire.