Aujourd'hui, Maria prend ses quarante quatre ans. Oui, aujourd'hui, c'est son anniversaire, le vingt deux mars. Et, comme j'ai une mémoire qu'on dit d'éléphant, je m'en souviens avec une grande facilité. D'ailleurs, Seth et Jade ne vont pas tarder non plus à prendre un an de plus. En attendant, c'était la journée consacrée à la brunette, qui était sortie de l'hôpital quelques jours plus tôt, après avoir donné naissance à Aaron, jeune prématuré de sept mois. Ce dernier se trouvait encore à l'hôpital, recevant les meilleurs soins. Son état se stabilisait, il était hors de danger. Seulement, les médecins souhaitaient garder un œil sur lui afin d'être sûrs que rien ne leur échappe. Et puis, il fallait également attendre que tous ses organes se soient bien développés, et qu'il atteigne un poids correct, car pour le moment, c'était une crevette. Une petite crevette même. La plus belle des petites crevettes. Il n'y avait pas un jour sans que nous allions faire un tour à l'hôpital pour lui rendre visite. De toute façon, Maria n'aimait clairement pas rester toute seule dans la maison, lorsque je partais travailler. Mais aujourd'hui, j'avais pris ma journée. Nous étions mardi, et j'échappais à une longue journée de cours, en prétextant une fatigue si grande qu'il valait mieux que je reste coucher. Heureusement, la brunette ne broncha pas face à ce mensonge. Elle savait que je n'oublierais pas son anniversaire et que je lui préparais quelques surprises.

La première ? Je m'étais réveillé de bonheur, un peu comme tous les jours en somme. J'avais profité du sommeil de Maria pour aller faire mon petit footing matinal comme j'avais l'habitude de le faire de façon quotidienne. Je revenais une heure plus tard, dégoulinant de sueur, ayant déjà descendu une bonne partie de la bouteille d'eau que j'avais emmené avec moi. Direction la douche. Une bonne douche froide qui me fit le plus grand bien. Et lorsque je sortais, après m'être séché, j'enfilais un bon vieux jeans confortable, accompagné d'un T-shirt blanc où était inscrit « RULE THE WORLD » en bleu, et juste en dessous « VOTE » en rouge. J'avais envie d'être en tenue décontractée aujourd'hui, et bien que j'adore les costumes, aujourd'hui, je n'allais pas au travail. Il faisait chaud dehors. J'avais besoin d'être à mon aise et ce, même si je n'apprécie pas le trop de soleil.

Maria se réveillait très souvent à la même heure. Et en attendant cette dernière, je m'installais sur mon ordinateur portable, de façon à travailler un peu car j'avais encore et toujours du travail en retard. Désespérant, non ? Puis je me dirigeais vers la cuisine, avant de préparer un bon petit déjeuner. Au menu ? Pains au chocolat sortis tout droit du four, du pain perdu, un bon bol de café – car elle pouvait enfin en reprendre, mais à petite dose – ainsi que du jus d'orange, sans oublier bien sûr, la rose rouge dans le plateau. Et j'entrais dans la chambre, avec le tout, en tâchant de ne rien faire tomber sur le sol. Maria dormait encore paisiblement. Je déposais le plateau sur une commode et m'approchais du lit, jusqu'à passer par-dessus le brunette. Je mordillais avec sensualité le lobe de son oreille, et couvrais son cou de baisers, jusqu'à la sortir de son sommeil, ce qui ne tarda pas. « Réveille toi mon amour. » Je me relevais et attrapais le plateau, le lui présentant alors qu'elle ouvrait le yeux. Je lui adressais mon plus beau sourire. « Joyeux anniversaire ! » J'espérais que tout ceci lui ferait plaisir et qu'elle ne jouerait pas la femme blasée d'avoir pris un an de plus.

Voilà plusieurs jours que Maria était rentrée de l'hôpital après avoir donné naissance à Aaron, leur fils. Quelque peu fatiguée les premiers jours, le médecin avait préféré la garder à l'hôpital, mais maintenant qu'elle allait mieux, la brunette était rentrée. Heureuse de voir Ambre, Maria ne put malheureusement pas cacher son manque d'Aaron. Le bébé lui manquait affreusement, mais elle savait aussi qu'elle n'avait pas le choix – tout comme Edward ne l'avait pas non plus d'ailleurs – et devait alors prendre son mal en patience en attendant de pouvoir revoir au plus vite leur petit garçon tout juste né. Ambre avait d'ailleurs demandé à de nombreuses reprises quand est-ce qu'Aaron viendrait chez eux, et Maria ne sachant pas quoi lui répondre se contentait de « bientôt » peu convaincants. Elle-même devait le reconnaître.

La veille au soir, Maria et Edward s'étaient couchés tôt, exténués par leur journée. Edward avait travaillé, quant à Maria...elle avait géré la maison, Ambre, le repas, enfin tout ce qu'elle avait à faire pour que son compagnon puisse rentrer sans avoir à s'inquiéter de quoique ce soit. Elle avait également été voir Aaron au service néo-natalité de l'hôpital où elle avait accouché pour être sûre que son petit bonhomme se portait au mieux, et qu'il grandissait bien pour pouvoir vite rentrer chez eux. Sa mère avait tellement envie de pouvoir s'en occuper par elle-même et chez elle surtout. Mais pour que cela arrive réellement, Maria savait qu'il lui faudrait être un tantinet patiente, et elle le serait, ce n'était pas non plus comme si on lui avait tant laissé le choix dans un sens. Bref, le tout était d'attendre.

Au cours de la nuit, la brunette ne rêva pas, ou tout du moins elle ne se souvînt absolument pas d'un quelconque rêve qu'elle aurait pu faire. Cela était assez surprenant dans le sens où, tout au long de sa grossesse, Maria avait fait de multiples rêves, ceux-ci se révélant être au plus souvent sur son avenir, comme si elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce qui pourrait se produire dans les années à venir. Oh, elle était passée par toutes les hypothèses possibles, pour finalement finir sur la note extrêmement positive qu'était et que serait toujours la naissance d'Aaron.

« Réveille-toi mon amour. » Elle connaissait cette voix, ces mots, ces lèvres qui effleuraient si bien sa peau. Oui, elle ne connaissait tout ceci que trop bien à vrai dire. Edward. Ouvrant petit à petit les yeux, légèrement aveuglée par le soleil entrant dans la pièce, la brunette ne tarda pas à apercevoir le plateau sur lequel étaient déposés des tas de choses qui la faisait absolument rêver au réveil, dont la première chose : le café ! « Joyeux anniversaire ! » Lui dit-elle par la suite. Cela la fit sourire. A vrai dire, la veille elle n'y avait même pas pensé, tant elle avait de choses à faire, comme quoi.. De temps à autre, prendre du temps justement pour soi, ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose.

« Merci, mon amour. »

Lui répondit-elle, toujours en souriant. Cette journée s'annonçait particulièrement bien.

Je déposais le plateau juste en face de Maria, avant d'approcher mon visage du sien afin de lui adresser un baiser bref, mais amoureux. « Merci, mon amour. » Je lui adressais un clin d'œil et m'asseyais sur le lit, juste en face, le plateau entre nous. Mes yeux bleus se posèrent sur la brunette. Elle crisait un peu d'avoir des kilos de grossesse qu'elle voulait perdre le plus rapidement possible, mais je trouvais que ça lui allait plutôt bien. Son visage était rayonnant, bien qu'empreint d'une certaine fatigue. Néanmoins, son beau regard clair pétillait depuis qu'elle était mère. Mère biologique, s'entend. Sa poitrine, qui me convenait très bien avant, car elle était ni trop importante, ni trop petite, avait augmenté de volume et ça, bon Dieu... elle est tellement plus visible qu'en fait, je n'arrive pas à y retirer mes yeux. Ses seins étaient là, arborant un charmant décolleté avec la nuisette, et ne semblait que demander à ce que je les touche. Mais merde ! Je suis en manque ! J'essaie de ne pas y penser, mais là, j'ai l'impression d'avoir quatorze ans. J'ai tellement envie que je vois des connotations partout, même là où il n'y en a pas. Le pire, le pire, c'est qu'on ne pourra pas reprendre une vie sexuelle avant quelques petites semaines. Je ne savais clairement pas comment j'allais faire, car présentement, juste à piquer un fard devant sa poitrine me rendait affreusement à l'étroit dans mon pantalon. Quelle merde.

J'attrapais une taie d'oreiller avec une indiscrétion totale et la posais entre mes jambes pour cacher la bosse qui s'était formée dans mon jeans. Puis je regardais ailleurs, parce que ces seins étaient vraiment en train de me faire de l'œil. « J'ai une grande surprise pour toi tout à l'heure. Quand tu seras debout et habillée, je vais t'emmener dans un endroit. Mais je devrais te bander... les yeux, sinon, ça ne sera plus une surprise. » Bander... mais ferme là Edward ! Je retournais la tête vers la brunette avec un sourire en coin, alors que je me forçais à la regarder dans les yeux. Si elle savait à quel point je peux avoir envie d'elle à cet instant précis – mais je pense que c'est assez visible malgré moi – ça pourrait la choquer. Et comme je suis faible, mes yeux bleus redescendirent progressivement jusqu'à son décolleté. Et je ne vous parle même pas des jambes et des cuisses nues qui sont, heureusement pour moi, encore sous la couverture. Mais pourquoi j'y pense aussi ?

Il fallait agir, rapidement, avant que le fauve ne sorte réellement de sa cage. Je tournais la tête à gauche, à droite. Et là, dans un coin de la chambre, trainait mon écharpe. Nickel ! Ça fera l'affaire. Je me levais d'un seul mouvement, l'attrapais avec la main droite et revenais sur le lit. Je passais l'écharpe autour du cou de Maria et faisais en sorte que les extrémités de cette dernière recouvrent son décolleté. Je croisais le regard de la brunette et me sentais un peu stupide. « Désolé, mais là, Edward Junior demande beaucoup trop d'attention. » Petit sourire gêné, avant de remettre la taie d'oreiller sur mon entre-jambes.

Encore un peu dans le coaltar comme cela pouvait se comprendre, la brunette ne comprit pas de suite ce qu'il se passait, mais lorsqu'elle assimila la situation. Se mettant à rire de bon cœur, Maria le laissa faire lorsqu'il lui mit l'écharpe autour du cou. Si elle s'était doutée qu'elle pourrait lui faire de l'effet de cette façon ce matin, elle se serait réveillée d'elle-même et plus tôt. Juste pour voir le spectacle qu'Edward lui donnait en ce moment, c'était absolument poilant ! Le pauvre...quand même. Il ne fallait pas croire, mais Maria aussi avait envie de son futur mari, seulement, elle ne pouvait pas, ils ne pouvaient pas. Interdiction médicale. Et comme Maria ne tenait pas véritablement à finir aux Urgences pour un problème grave, elle préférait encore tenir bon en se faisant violence, voilà tout. Et Edward devrait malheureusement faire de même. C'était aussi ça, avoir un enfant.

« Mange, ça va te changer les idées. Enfin, j'espère. »

Lui expliqua t-elle en lui faisant un clin d'œil en prenant sa tasse de café. Oh du café, quel bonheur cela pouvait-il être d'être dans la possibilité de boire enfin du café après tant de mois de privation ! En effet, elle l'accro de la caféine, elle avait dû cesser de boire ce fabuleux breuvage. Mais maintenant qu'elle avait donné naissance à Aaron, elle allait enfin pouvoir boire de nouveau autant de café comme elle le souhaiterait. Enfin, peut-être pas dans le sens où Edward risquait d'être derrière la brunette pour la surveiller et s'assurer qu'elle n'abuserait pas de la caféine sachant pertinemment qu'elle était vraiment addict à cela. Comme lui et ses clopes en fait.

« Tu ne peux pas m'en dire un peu plus sur cet endroit où nous devons aller ? »

Non pas que Maria était curieuse, mais un petit peu quand même. Elle savait que c'était son anniversaire et qu'Edward lui réservait certainement beaucoup de surprises, mais le fait était que la brunette n'avait que très très peu de patience, du coup, elle adorait savoir les choses tout de suite. Elle avait la fâcheuse tendance d'imaginer tellement de scénarios possibles dans ce genre de situations qu'elle finissait par être déçue car elle en avait trop attendu. Les problèmes de l'imagination auxquels personne ne pouvait rien du tout.

« S'il te plait... »

Lui souriant et lui faisant les yeux doux telle une enfant, la brunette espérait arriver à ses fins, mais elle n'y croyait pas tellement. Elle le connaissait suffisamment.

J'observais Maria qui mourait de rire en voyant mon état. Ah et bien, on sent la compassion par ici ! Je levais mes yeux bleus au plafond alors qu'elle se tordait presque en deux. Au moins, ça la mettait de bonne humeur même si présentement, j'étais tellement frustré que je me demandais comme assouvir mes pulsions sexuelles, sans aller voir ailleurs, chose que je ne ferais d'ailleurs jamais. Une sodomie ? Après tout, ça, ce n'était pas déconseillé. Mets là, je pouvais me la caler derrière l'oreille avec une bonne gifle si je lui proposais ce genre de pratique. Et pourtant... pourtant... Pourquoi pas un plaisir buccal ? Allez Maria ! Je t'en fais souvent, fais moi plaisir par pitié ! Et je suis censé lui demander comment ? Vous imaginez bien que ces pensées ne m'aidaient pas réellement dans mon problème. Je reposais mon regard sur la brunette alors qu'elle prenait la parole. « Mange, ça va te changer les idées. Enfin, j'espère. » Un de mes sourcils se arqua. « Non pas vraiment. Car la nourriture et le sexe, c'est plus que compatible. » Je faisais rouler mes yeux. Tant pis, je devrais agir comme un vulgaire adolescent qui pense dur comme fer que sa main droite est sa meilleure amie.

Je l'observais prendre sa tasse de café, en sachant parfaitement que cela lui avait manqué plus que tout pendant la grossesse. Aujourd'hui, le médecin avait donné son feu vert pour qu'elle en boive de nouveau, même s'il avait insisté sur le fait qu'elle ne devait pas en abuser, notamment après l'arrêt cardiaque qu'elle avait pu faire pendant l'accouchement. Ainsi, je serais derrière son dos, comme elle devait bien s'en douter. Un bol de café le matin, pourquoi pas, il n'y a rien de tel pour se réveiller, mais si je voyais que dans la journée, elle se prenait plusieurs tasses en plus, là, je me ferais entendre. J'avais tout sauf envie qu'elle est d'autres problèmes de santé. Nous étions déjà assez d'un dans le couple. Car si madame devait ensuite avoir des problèmes cardiaques, ça serait pire que tout. En plus de ça, nous voulions acheter une maison, et Maria était bien consciente qu'on ne m'accorderait jamais un prêt. En effet, les banquiers ne se privent pas pour dire de façon un peu mieux tourner quelque chose du genre « On ne va pas prendre le risque de perdre de l'argent en en prêtant à quelqu'un qui crèvera dans peu de temps. ». Ainsi, la brunette sera la seule à pouvoir demander ce fameux prêt. Ça avait tendance à m'énerver qu'on me condamne avant l'heure, mais malheureusement, cette discrimination était la même partout.

Enfin Maria me demanda de lui en dire plus sur ce fameux endroit où je voulais l'emmener. Je lui adressais un sourire presque sadique alors qu'elle me lançait un « S'il te plait... » auquel je ne résistait que très peu. Néanmoins, là, je serais fort. Inutile donc qu'elle me fasse les yeux doux, aussi attendrissant cela puisse être. « J'ai quoi en échange si je te le dis ? » Il ne fallait pas qu'elle commence à me lancer sur ce jeu là, car j'en sors bien souvent gagnant.

Il ne fallait pas dire que Maria était habituée à ce genre de comportement de la part d'Edward, mais elle savait bien qu'il était comme cela et que rien ni personne ne pourrait le faire changer. De toute façon, la brunette n'avait absolument aucune envie qu'il change. C'était comme ça qu'elle l'aimait, et pour rien au monde Maria ne souhaitait qu'il devienne un autre homme. Ses blagues, ses humeurs parfois dérangeantes, ses envies, enfin bref ce qui faisait qu'il était l'homme qu'il était, point. Maria aimait tout cela, et elle ne changerait pas d'avis. Voilà pourquoi la brunette n'avait pu s'empêcher de rire de bon cœur en se rendant compte que son compagnon avait comme très envie d'elle en ce moment. Très flatteur évidemment, mais aussi frustrant. Il ne fallait pas croire que Maria restait complètement insensible au charme de son compagnon, de plus, le fait est que ne pas pouvoir avoir fait l'amour avec Edward depuis plusieurs mois devenait également très difficile à accepter, mais une fois encore, elle n'avait pas le choix, lui non plus et donc devaient faire avec.

« Laisse tomber O'Malley. Je te connais. Ta main est ta meilleure amie pour les semaines à venir. »

Un clin d'œil plus tard, la brunette croqua ensuite vigoureusement dans l'un des pains au chocolat encore tout chauds. Oh, ils venaient de sortir du four. Elle adorait cela, et Edward le savait pertinemment. Il était génial. Cependant, en croisant brièvement son regard qui semblait complètement dépité après qu'elle lui dit pour sa main droite. Cela la fit sourire. Et oui, la vie était parfois d'un injustice flagrante. Qu'il ne croit pas, encore une fois, cela gênait tout autant Maria, bien qu'elle n'ait pas de signe extérieur pour le prouver contrairement aux hommes.

« Tu me dis quand tu veux qu'on y aille et je me prépare. »

Lui souriant, elle vit bien qu'il était déçu. Ah oui, il s'était encore fait des idées.

« Navrée, mon amour. Pour le coup, je refuse que tu en profites et que j'attende. »

« Laisse tomber O'Malley. Je te connais. Ta main est ta meilleure amie pour les semaines à venir. » Je restais là, bouche bée, pour plusieurs raisons. La première, elle savait exactement ce que j'avais derrière la tête et ce, sans même avoir besoin de l'exprimer à haute voix. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert et c'était parfois désespérant que je ne pouvais pas lui cacher grand chose. D'un autre point de vue, c'était assez mignon de voir à quel point c'était fusionnel entre nous pour que nous comprenions d'un simple regard les pensées de l'autre, ou bien pour finir nos propres phrases. La seconde raison pour laquelle j'étais choqué, c'est qu'elle me balançait en pleine figure que je n'aurais le droit à rien d'autre que du plaisir avec ma main droite. C'était dit avec une si grande finesse. Et puis, ce n'était clairement pas sympa ! Je restais presque choqué face à ses paroles. Pauvre Edward Junior, les temps sont durs... Il va falloir se serrer la ceinture, au sens propre du terme.

« Tu me dis quand tu veux qu'on y aille et je me prépare. » Je l'écoutais à peine, toujours dans mes pensées. Je posais un regard rapide sur ma main droite. Mais je n'ai plu quinze ans ! Et, en voyant ma mine, Maria reprit la parole. « Navrée, mon amour. Pour le coup, je refuse que tu en profites et que j'attende. » Mes lèvres s'entre-ouvrèrent et formèrent le O du mot « outré ». Elle se moquait de moi là ? « Comment ça toi, tu n'en profiteras pas ? Je t'en prie ! Qui sait qui peut prendre du plaisir grâce à son vagin et grâce à un petit bouton qu'il suffit d'actionner ? La femme ! Tu peux nous dire à nous les hommes où il se trouve notre clitoris ? Nous on n'a pas trente-six façons de se faire plaisir. » Je levais les yeux au plafond. « Je peux t'en faire profiter sans qu'il n'y ai la moindre... pénétration. Alors ne dis pas que j'en profiterais et toi non, c'est faux. »

Après tout, elle en avait déjà fait l'expérience, comme là fois où j'étais sous son bureau en grand clandestin. Je souriais intérieurement en repensant à cette scène, ça avait été amusant quand une dame était entrée et que Maria perdait tous ses moyens. Je croisais les bras sous mon torse et l'observais avec une mine faussement déçue même si dans le fond, je l'étais car j'avais terriblement envie d'elle. J'allais faire comment pendant tout ce temps ? J'appréhendais, sincèrement, car si je m'écoutais, je ferais l'amour à Maria tous les jours sans exception. « Mais bon tant pis, je vais acheter plein de mouchoirs, comme un adolescent. Et toi, tu utiliseras ta main droite de ton côté. Je trouve ça stupide de ne pas s'aider mutuellement mais c'est ton choix. », lui lançais-je en haussant les épaules avant de reposer mon regard sur elle.

« Prends ton temps pour manger, on n'est pas pressés, tu te prépareras après. », lui avouais-je avant de lui adresser un sourire en coin avant de me pencher vers elle pour déposer un baiser sur sa tempe.

« Il n'y a pas non plus que le sexe dans la vie, tu sais. »

Bon d'accord, peut-être n'aurait-elle pas dû dire cela dans le sens où ils n'avaient pas eu de relations sexuelles depuis plusieurs mois maintenant à cause de sa grossesse et maintenant à cause de l'après-grossesse. Finalement, lorsqu'on y réfléchissait suffisamment, ce qu'elle venait de dire était affreusement ennuyant pour Edward, comme pour elle. Cependant, la brunette continuait à penser qu'il valait mieux cela plutôt que le bébé ait le moindre problème, ou même elle. Maria ne pouvait de cette façon pas réellement envisager de se plaindre, pas depuis qu'Aaron était né de toute manière.

« Je termine ça, et je file me préparer. »

Lui expliqua Maria en lui affichant un sourire qui, à première vue, ne semblait pas prêt à partir de son doux visage aujourd'hui, et cela était tant mieux. A vrai dire, les choses semblaient aller de mieux en mieux maintenant qu'Aaron était né. Sincèrement, son couple se portait au mieux, Aaron malgré son hospitalisation allait bien, Ambre s'était mise en tête de s'occuper vaillamment de son petit-frère, et tout le monde semblait ravi de la naissance de l'enfant. Donc, la brunette osait faire le constat suivant : tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bien-sûr, n'étant pas du genre vraiment naïve, Maria se méfiait malgré tout, mais avait pourtant bel et bien décidé de profiter du présent, et de penser de manière positive à l'avenir dorénavant. On pouvait finalement dire que la naissance d'Aaron avait eu un réel effet positif sur la maman, pour le plus grand plaisir de tous ses proches en vérité.

Quinze minutes plus tard, après avoir discuté un peu avec son compagnon tout en essayant sournoisement d'en savoir un peu plus sur le programme de la journée, la brunette alla prendre une douche se lavant les cheveux avec un shampooing dont l'odeur ravissait toujours Edward – à ses dires. Une fois entièrement lavée, la brunette passa son peignoir de douche et s'occupa de ses cheveux qu'elle sécha et auxquels elle donna un petit coup de fer, cela leur donnant alors un effet absolument magnifique, quelque peu bouclé. La coupe de cheveux qui lui correspondait finalement. Elle avait abandonné depuis plusieurs mois maintenant le lissage permanent comprenant vite que ses cheveux en pâtissaient sévèrement.

Vêtue d'une chemise bleue à carreaux aux manches volontairement retroussées et d'un jeans bleu également, la brunette mit des talons ouverts, récemment acheté. En effet, après sa sortie de l'hôpital, Maria avait clairement pu compter sur quelques amies pour l'emmener faire une virée shopping question de la remettre à niveau après des mois à porter des vêtements XXL. Et oui, les mésaventures d'une grossesse peuvent se trouver dans la garde-robe d'une femme, tout à fait.

Une fois définitivement prête, elle mit une veste en cuir marron qui lui allait extrêmement bien et prit son sac à main. Debout dans le salon, elle appela Edward lui indiquant qu'elle était prête. Pour une femme, elle avait finalement été plutôt rapide à se préparer. Comme quoi, parfois...

Le tout dorénavant était de savoir ce que lui réservait Edward pour cette journée représentative de ses quarante-quatre ans.

« Il n'y a pas non plus que le sexe dans la vie, tu sais. » Et bim ! Prends toi ça dans la figure Edward. Elle se moquait totalement de moi, c'était presque vexant. Et, comme lorsque j'ai terriblement envie d'une chose et que je ne l'obtiens pas, je suis extrêmement grognon. Pas capricieux comme un enfant unique, mais il ne fallait pas jouer non plus avec mes nerfs. Je sais qu'il n'y a pas que le sexe dans une vie, pourtant, j'ai des besoins et je ne vais pas les refouler. Je reste un homme, et même si le sexe avec Maria est plus que fantastique, nos moments intimes se montrent très rares, ce qui en soit, est étonnant pour un aussi jeune couple. On dit que les femmes enceintes ont une libido plus forte. Apparemment, ça n'a pas été le cas pour Maria. Je commençais de nouveau à croire qu'au final, je ne suis pas aussi doué que ça et qu'elle me fait croire qu'elle prend son pied uniquement pour me faire plaisir. Sinon, que l'on m'explique ? Nous sommes assez complices, sans jugement, elle n'a donc pas à être timide. Je ne trouvais pas d'autres explications que le fait que je m'y prenne très mal, même si elle me répétait le contraire. En tout cas, ça me rendait clairement fou qu'elle me balance ce genre de choses dans la figure qui voulait dire : d'une « Tu n'es qu'un obsédé. » et de deux « On ne vas pas avoir de moments intimes avant très longtemps donc prends ton mal en patience. ». Et je pense lui avoir assez prouvé que je suis conscient qu'il n'y a pas le sexe dans la vie, dans la mesure où je ne me suis pas trop plaint jusque là, malgré mes envies fréquentes. Beaucoup d'hommes à ma place auraient déjà été voir ailleurs. Je reste totalement fidèle. Donc elle n'avait pas le droit de tenir ce genre de propos. « Je suis au courant de ça, et je pense te l'avoir assez prouvé parce que ça fait des lustres qu'on a rien fait, même pas des préliminaires. Je pense aussi que tu n'es pas tombée sur le pire des hommes avec moi. » Ce sous-entendu ? Si elle avait été avec quelqu'un comme Alcide, il n'aurait pas cherché à comprendre, il aurait déjà eu un tableau de chasse plein à craqué depuis la grossesse. Je pense donc montrer assez de sérieux et d'amour en continuant d'attendre et sans aller voir ailleurs. « Enfin bref, c'est pas grave. J'ai pas envie de me prendre la tête avec toi aujourd'hui. », lui avouais-je sur un ton un peu exaspéré et peut-être pas aussi tendre que je l'aurais voulu. Et j'en avais encore pour plusieurs mois, enfin, si elle ne donne pas toute son attention à Aaron. D'ici là, je serais déjà redevenu puceau.

Et elle faisait comme si de rien n'était, essayant de me soutirer des informations. Je lui répondais uniquement un « Ba là tu peux attendre longtemps. ». Oui, moi aussi je sais être têtu. Je la regardais quitter la pièce afin qu'elle aille se préparer alors que je m'allongeais sur le lit en fulminant contre elle. Mais j'hallucine quoi... Un soupir s'échappa de mes lèvres. J'aurais bien aimé qu'elle comprenne un peu mon point de vue, ou bien qu'elle me dise clairement quelque chose du genre : « Je n'ai pas envie. » tout simplement. Au moins, je saurais à quoi m'en tenir. Et d'un autre côté, je n'avais pas envie que l'on se prenne la tête le jour de son anniversaire parce qu'elle ose prétendre que je ne pense qu'au sexe alors que je suis plus que respectueux avec elle. Je sais que j'ai mes défauts, mais il ne faut pas non plus m'en ajouter là où il n'y en a pas. C'était vexant. Bref. Je me redressais puis je débarrassais le plateau, avant d'aller jusqu'à la cuisine pour faire la vaisselle, pendant que Maria se douchait. Et, toujours en train de fulminer, je me demandais même pourquoi je faisais la vaisselle. Il n'y a que les mecs biens qui la font, donc je devrais m'en abstenir. Pfff, ça me met de mauvaise humeur en plus.

Je terminais à peine la vaisselle quand Maria fut prête. Je l'entendis m'interpeller alors que je m'essuyais les mains avec un torchon propre. Puis j'allais dans l'entrée, enfilais mes converses rouges, qui semblaient avoir fait un peu la guerre d'ailleurs. J'attrapais uniquement mon porte-feuille, mes clefs de voiture, mon cellulaire et mes Ray-Ban ocres, avant d'ouvrir la porte. « Après toi. », lui lançais-je en la lui tenant pour qu'elle passe en première. Ouh ! Quel mauvais garçon ! J'allais m'installer côté conducteur et mettais le contact. « Tu es belle comme ça. », me risquais-je en regardant sa tenue. Elle était habillée de façon décontractée mais ça lui allait très bien.