LIA & SHAWN. :dansem:

Il était évident que l’euphorie des derniers jours du aux fêtes s’était déjà clairement dissipé. Les cours avaient repris, les sapins qui décoraient les différentes maisons et les différent couloirs de l’université avait disparu, on ne voyait plus non plus les différentes propositions pour les soirées organisées. Bref, le vert et le rouge ne faisait plus partie du décor. Shawn n’étant pas un grand fanatique de ce genre d’événements préférait de loin ne rien faire. Néanmoins, voir toutes ces âmes errer le sourire aux lèvres pendant quelques journées lui faisait croire et persister qu’il allait déchanter quand enfin il se rendrait comte que les cadeaux et les résolutions ne servaient à rien. Shawn avait toujours eu cette drôle relation avec le monde qui l’entoure. Une partie de lui était comme prisonnière à chaque fois qu’il se trouvait dans un nouvel endroit. Aux Etats Unis, Aaron n’arrivait pas à trouver sa place ni encore moins la simplicité quand il était chez les Epsilon. Et quand Shawn était en Turquie, il n’arrivait pas à se sentir à égal, se voulant toujours supérieur, capable de beaucoup mieux. Aucun équilibre ne pouvait être trouvé, et pourtant ça faisait de nombreuses années qu’il le cherchait. Mais puisque Shawn était le dominant, du moins tant que pour suivre son rêve, il devrait rester dans les bonnes grâces parentales, il resterait en Californie.

Ce midi, comme bien souvent, alors que le soleil est à son zénith, il faisait chaud et beau. La plupart des filles aimaient ce temps pour bronzer, Shawn l’aimait car sentir le soleil brulant sur sa peau lui donnait le feu de Dieu. Quand le temps était au beau fixe, il se sentait capable de tout, de vaincre des montagnes, de décrocher la lune, de renverser le monde, de faire sa révolution. Sa révolution aujourd’hui avait été de mouché son professeur de géopolitique. D’ailleurs, en cours il jubilait. Il avait fait sensation dans sa classe, et certains élèves de sa promotion étaient même venus lui parler, et quand Shawn faisait de nouvelles connaissances et qu’il avait de nouveaux numéros à ajouter dans son répertoire, il se sentait l’homme le plus puissant du monde. Et à contrario de tout le monde qui se laissait miner le moral par la fin des fêtes, lui était d’humeur joyeuse. Ca faisait si longtemps qu’il n’avait pas ressentit une telle satisfaction de lui-même qu’il s’était décidé de fêter ça à sa façon par un petit plaisir personnel. Retournant rapidement vers son casier à la fin de cours, il y sortit la clé de sa voiture allemande, et se hâta de la retrouver dans le parking. Non, il n’était pas amoureux de sa voiture, mais plutôt de ce qu’il s’y trouvait à l’intérieur.

Une fois que l’étudiant fut enfermé dans sa voiture, à l’abri de tous les regards grâce aux vitres teintés, il se permit de déboutonner un bouton de sa chemise, et d’enlever sa veste. Comme toujours, quand il était dans l’enceinte de l’université, il avait son costume trois pièces. Il voulait et aimait en imposer dès les premiers regards. Jamais il n’avait mit de jean pour aller en cours et jamais il n’en mettra. Shawn avait toujours su quoi porter où et comment. Alors qu’il mettait sa veste à l’arrière, il chercha minutieusement une poignée caché dans sa voiture où se trouvait son petit trésor de bonheur. Un joint qu’il avait déjà roulé. Il voulait se faire se plaisir. Normalement, il serait sorti et aurait fumé dans la rue, mais aujourd’hui, il le voulait maintenant et tout de suite. Et quand il voulait, il faisait. D’une main sûre d’elle, il sortit un briquet de sa poche et l’alluma. Bien sur qu’il y aurait les odeurs, mais il en avait vraiment cure. Pendant ces quelques minutes de pur bonheur il allongea le siège du conducteur et s’enferma seul dans ce monde où Shawn et Aaron vivaient à deux sans conflit en parfaite harmonie. C’était un monde si parfait, un monde où il était adulé, où il avait tout ce qui voulait et surtout un monde où son esprit était en paix. Ce monde là n’existait qu’avec un peu d’herbes magiques.

Ce monde était devenu un peu plus flou, son joint était donc terminé. Shawn rangea sans grande minutie cette fois ci sa voiture, et repartit dehors. Encore sous l’effet de la drogue, il laissa parler ses envies. Et ses envies lui indiquait d’aller prendre l’air, mais l’air le plus haut possible. C’est pourquoi, sans hésiter, il alla à l’endroit où l’on était le plus haut : le toit de l’université. Déambulant dans les couloirs comme le Grand Alexandre, il observait tout le monde de ses petits yeux sombres et rougis. Chaque regard que l’on posait sur lui ne faisait que grandir son ego déjà surdimensionné grâce aux substances pures de son joint. Il connaissait le chemin par cœur. Dédaigneux envers un homme un peu rond, il le poussa pour passer et grimpa les marches une à une pour monter les étages. Lorsqu’enfin il arriva au petit couloir qui donnait sur le toit, il souri pour aucune raison. Il était conscient de ce qu’il faisait mais toujours dicté par ses envies, il avança sans prêter aucune attention au décor. Il poussa la lourde porte sans soucis de discrétion, il sentait dans ses veines que le monde lui appartenait. Chaque battement de son cœur était voulu par les autres, il se sentait admiré apprécié, et rien que pour cela il gardait le sourire sur son visage. C’était désertique, ou presque. Seule une chevelure blonde devant lui.

« Hmh »

Oui ces cheveux lui rappelaient quelqu’un. Il en était certain. Il les connaissait et mieux que ça il les appréciait. Plus il avançait et plus l’assurance grandissait. Ses pas résonnants sur le sol annonçaient sa venue et la demoiselle ne se retournait pas. Quelle fille ! A moins d’un mètre il savait que c’était Lia et que ça ne pouvait être que Lia. Doucement, et avec une délicatesse insoupçonnée, il posa sa main sur son épaule pour qu’elle se retourne. Shawn n’avait pas toutes ses idées, et il ne savait même pas pourquoi il avait peur de l’approcher. S’il avait eu toutes ses idées, il aurait su que c’était à cause de leur dernière rencontre en France. Mais il était loin de s’en souvenir, il se contenta simplement d’écouter sa voix et de sourire quand elle prononça son prénom. C’était bête, surement. Mais pour la première fois depuis qu’il avait fumé son joint, il savait qu’il avait à faire face à une grande gueule comme il les aime. Il arqua un sourcil quand lui expliqua qu’elle était désolée. Il n’avait aucune de quoi elle voulait parler. Mais si elle avait quelque chose à se reprocher, c’était évident que ça ne pouvait être que parce que la jeune femme avait merdé. Sans attendre, il lui adressa un sourire compatissant, et sortit une phrase que seul un drogué en extase serait capable de sortir.

« Les abus ne font pas de mal, ce sont les conséquences. »

Plus grand qu’elle, il se sentait Homme sage, comme un Dalaï-lama des temps modernes. Serein, il posa sa deuxième main sur son épaule, plongea son regard dans ses grands yeux cristallins, sourit gentiment et calmement, et vient à poser un baiser sur son front. Même si Lia savait qu’il se droguer, elle n’avait jamais rencontré Shawn durant ses moments là. Mais chose certaine, ce genre de comportement ne lui ressemblait absolument pas.

LIA & SHAWN. :dansem:

Bien sur que Shawn connaissait l’histoire ou plutôt la théorie qui disait que les drogues c’était mal. Il savait pertinemment que ça lui grillait les neurones plus vite, mais c’était sa façon à lui de se sentir bien. Sa consommation fréquente était connue de pas mal de monde, mais jamais évoquée en publique. C’était un peu comme un sacré secret de polichinelle. Soit les gens avaient peur de Shawn et gardait le silence, soit ils le respectaient et n’osaient rien lui dire. Dans les deux cas, ça lui convenait parfaitement. D’ailleurs, lorsqu’il était dans ses épisodes de droguer, il se cachait de tous avec plus ou moins d’aisance. Aujourd’hui, était l’exception de sa discrétion. Et pour couronner le tout, il était tombé sur la seule personne qui ne garderait pas sa langue dans sa poche, ni même sa main d’ailleurs. Sans qu’il ne la voie arrivée, il s’était retrouvé avec une belle gifle sur le visage. La théorie aurait voulu qu’il se fâche, monte sur ses grands chevaux et partent au galop. Sauf que c’était un Shawn à la pupille dilatée. Son sourire niais s’effaça quelques secondes pour revenir à la charge quelques instants plus tard. Un visage clownesque se présentait à la belle Lia. Rien à voir avec le Shawn habituel. Et là voilà qui continuait à parler encore et encore. Même si sa voix était agressive, elle n’était que musique aux oreilles de l’étudiant. Sauf qu’à chaque fois qu’il essayait de répondre ou acquiescer à ses tirades, elle reprenait de plus belle. Alors il stoppa le flot de parole à la source en posant son doigt sur ses lèvres, et se contenta de lui glisser un petit : « Chuuuut. » entre ses lèvres comme un serpent l’aurait fait pour hypnotiser sa proie. Lorsqu’enfin il pense avoir capté son attention et surtout son silence, il répond.

« Blondie, tu parles beaucoup trop. »

Et comme pour lui prouver ses dires, il fait rouler ses yeux en arrière, lui offrant une magnifique vue sur ses pupilles dilatées et les quelques veines qui ont éclaté dans le coin de ses yeux. Visage pas très glamour, loin de là. Il ne ressemblait pas un de ces junkies qu’on croise chez les Gamma, mais il était évident qu’à le voir il ne représentait pas fièrement Epsilon. Rien que sa chemise entre ouverte. Il se rendait compte que son apparence ne collait pas avec ses aspirations. Signe qu’il revenait un peu lui-même, il referma un bouton à sa chemise blanche, et se frotta le font signe qu’il espérait se concentrer sur les paroles de son amie pour pouvoir lui répondre au mieux. Shawn ne savait pas encore pourquoi, mais il était persuadé qu’elle n’avait pas qu’un seul reproche à lui faire, qu’il y avait autre chose que cette histoire de drogue. Impossible pour lui de se souvenir même en plissant son front et en se pinçant les lèvres. Tant pis, il allait improviser et devoir composer avec le fait qu’il n’était pas montrable à la société étudiante. Il était donc par conséquence exclus pour le jeune homme de quitter le toit ou bien même qu’une autre personne puisse les rejoindre. Vu qu’il n’avait pas toutes ses capacités à réfléchir, il n’avait qu’une solution. Se donner en spectacle : chose qu’il regretterait une fois descendu de son nuage.

« Non, non, non, et non. On ne quittera pas ce toit, tant que tu ne seras pas capable de faire des sourires sincères. Ca risque de prendre du temps. »

Autrement dit, le toit leur appartiendrait tant que Shawn et Aaron ne seront plus joyeux. Et jusqu’à temps que Shawn soit capable de formuler des excuses dignes de ce nom. En gros, ils en avaient pour un bon moment. L’américain se décida à agir avant qu’elle ne dise quoi que ce soit. Sans crier gare, il attrapa la main de la délicate blonde, et recula pour l’emmener loin à la porte. Comme ça si une personne venait à les rejoindre, il ne les verrait que de loin et le jeune homme aurait le temps de les expédier dans les roses. Toujours ce sourire d’enfant sur le visage, Shawn se décida à prendre l’autre main de la demoiselle de façon à avoir encore plus d’emprise sur elle. Ses gestes pouvaient semblait être calculé pour faire en sorte qu’elle se calme mais lorsque les sons graves sortirent de sa bouche, il se révéla toujours autant sous l’emprise de ses substances préférées. Manque de chance, Shawn avait de l’argent et assez de charisme pour se retrouver avec la meilleure des marchandises. Et plus c’est bon, plus c’est long. Hs : Après relecture, ça fait pervers, mais c’était pas le but. Je le jure.

« Je vais la faire courte en deux mots. Lia, je sais plus quoi, je sais plus comment. Tu es trop drôle quand tu t’énerves. Oh, ça fait plus de deux mots. »

S’en suivit le rire le plus enfantin possible. Bref, le Shawn Aaron Williams calculateur, manipulateur, charismatique, imbus de sa personne, caractériel, organisé était loin, très loin. Ses travers avaient toujours le don de le mettre dans des situations délicates, mais là le vrai Shawn qui sommeillait au fond de cette vitrine pour les méfaits de la drogue savait qu’il allait être difficile pour lui de rattraper la situation quand il reprendrait le contrôle. Et selon lui, le plus tôt serait le mieux. Comme pour confirmer ce que Lia allait surement penser, il haussa les épaules et déposa de nouveau un baiser sur le front de la demoiselle. Oui, le Shawn drogué est un peu trop démonstratif.

LIA & SHAWN. :dansem:

Et puis voilà ça devait arriver, le petit apprenti junkie commence à reprendre conscience de la réalité. Pas assez pour comprendre tout ce que dis son amie mais assez pour réaliser que ses paroles ont un impact dans sa réflexion. Monsieur est habitué à fumer des joints, ça lui arrive bien plus souvent que Lia ne le pense. Vu la qualité et l’habitude qu’il avait de fumer, Shawn en avait pour deux heures à se sentir un peu couper du monde, à être harmonie avec Aaron. Mais ça, Lia ne le comprenait pas et ne le comprendrait jamais. En même temps, c’était une bonne chose, ça voulait dire qu’elle n’avait pas les mêmes addictions que lui. L’étudiant était intelligent, il savait que c’était de la merde mais pourtant il continuait encore et encore ces conneries parce qu’il se sentait bien c’était un faite. Mais le problème restait entier, il sait à présent grâce à la merveilleuse Lia que lorsqu’il se réveillera de ce coma particulier, il devra faire face à des problèmes qui vont surement le dépasser. Il l’apprécie et voudrait donc lui faire plaisir, sauf qu’il n’a pas vraiment envie d’être sérieux, car pour l’instant tout est si rose, et ses yeux si froncés que ça ne pouvait annoncer rien de vraiment bon. Partagé entre l’envie de faire plaisir à sa blonde préférée et son état de bonheur relatif, il laisse néanmoins son franc parler prendre la parole.

« Lia, tu es chiante. Tu viens de me gâcher un joint à 100 dollars.»

Ce n’était pas vraiment un reproche, simplement une constatation. Il soupira longuement avant de finalement laisser tranquille son amie. Torturé entre l’envie de comprendre son air réprobateur et l’envie d’être encore bien quelques minutes, ou quelques heures, il la laisse, et se recule pour s’approcher du bord. Il est conscient de ce qui l’entoure un peu de moins de ce qu’il fait. C’est pourquoi, il s’approche avec précautions du bord du toit, penche sa tête pour regarder ce qui se passe en bas. Quatre étage plus bas, des étudiants presque semblables à des minuscules insectes. A cette hauteur, un peu de vent. Shawn voit tout, un sentiment de toute puissance le parcours. Il pourrait conquérir le monde rien que grâce à cette vision. Rien ni personne ne pourrait l’en empêcher. Grisé par la hauteur, il s’avance encore un peu plus. Il est persuadé qu’il peut dominer le monde. Il voit sans être vu, cette sensation de toute puissance est tellement fabuleuse qu’il avance un peu et se penche. Des têtes rousses, des blondes, des brunes, des sans cheveux, des casquettes, des lunettes de soleil, des chapeaux même. Bref, tout le monde s’activait à ses pieds et c’était tellement bon qu’il en avait oublié son amie. Son regard suivi une longue chevelure brune et il remarqua dans la parking sa voiture. Elle était belle sa voiture, il l’aimait sa voiture le petit. Parti dans ses pensées, il s’assoit sur le bord de toit. C’est dangereux, mais tout est minimisé à ses yeux. Il se penche toujours pours observé sa voiture. Lui qui était si fier de sa berline, l’était encore plus que d’habitude. Au point qu’il en avait oublié que dans son dos, son amie attendait des réponses ou du moins des explications sur une histoire passée.

« Elle est belle ma voiture. »

Oui, il n’était pas là de remettre les pieds sur terre. Du moins, c’est ce qu’il pensait en voyant ses pieds prendre dans le vide. Une trentaine de mètres plus bas, il y avait le sol. Une sacrée marge, n’est ce pas. Il pose les mains sur le sol derrière lui et penche la tête en l’air. Les nuages sont encore loin, il n’est pas un dieu. Tout en levant la tête, il se laisse pencher en arrière. C’est là qu’il revoit la petite silhouette gracile de son amie, il lui sourit avant de se souvenir de ses reproches de quelques temps plus tôt. Il fronce les sourcils, et arrête de sourire. Le sang lui monte à la tête et la peau de son visage prend rapidement une teinte rouge. Il a la mine soucieuse, et se sent moyennement bien dans cette position, mais il n’a pas assez de jugeote pour se relever préférant continuer la conversation dans cette positon des moins confortables. Shawn réfléchit et vu qu’il n’est pas en position pour le faire, cela ressemble à une horrible grimace sur son visage. Ses joues se creusaient et se regard partait un peu dans tous les sens, incapable de rester fixe bien longtemps. Il montre des dents comme un chien. Il se souvient à présent de leur dernière rencontre, il se souvient de la dispute en France. Il ne se souvient pas de ce que la blonde a fait, mais il arrive à se souvenir parfaitement des mots qu’il a lancés dans sa dernière réplique, et il se sent très mal. Pas loin du bad tripe, il glisse et manque de tomber sur le sol du bon côté pour ne pas mourir. Il se relève, assis par terre, et lui dit quelques mots.

« Je suis vraiment ... con. »

LIA & SHAWN. :dansem:

Un long et magnifique silence. Shawn ne s’en était même pas rendu compte. En faite, il était resté le regard planté dans l’horizon. Conscient qu’il était à côté de sa meilleure amie, il avait arrêté ses pitreries dangereuses et était venu s’assoir à côté de la demoiselle. Pendant un temps indéterminé, il s’était contenté de rester assis et de faire quelques signes de vie de temps en temps. Parfois, il soupire longuement, d’autres fois, il rigole doucement. De temps en temps, il bouge pour se gratter la tête, le coin des lèvres, être plus confortablement positionné. Etrange sensation que celle d’être spectateur d’un monde qui n’avance pas, qui reste comme figé. En faite, quand Shawn était dans des états comme celui là, il voyait le monde comme un grand film et quand il fumait des joints, il avait l’impression de tenir la télécommande de cette grande super production, et tout le temps, il la laissait sur pause. Pas aussi longtemps qu’il le pouvait, aussi longtemps qu’il avait cette télécommande entre les mains. Et sur le coup, il savait que quand il ne l’aurait pu une longue discussion aurait lieu avec Lia, et cette conversation, il n’était pas certain de pouvoir l’assumer. Mais qu’importe, il n’allait pas partir et retourner dans sa voiture, il allait assumer. Même stone, et totalement dans un autre monde, il était capable de savoir quand il allait devoir des explications. C’était une qualité, ou un défaut de fabrication, il ne le savait pas.

De nouveau un long soupire pendant lequel Shawn reprend de plus en plus conscience de son corps. Sa vue est à présent plus rapide, il voit le monde qui l’entoure à la vraie vitesse mais son corps n’arrive pas à réagir convenablement, seul les mécanismes réflexes persistent : il respire son cœur bat, ses yeux clignent mais rien de plus. Quelques instants plus tard, il soupire, à présent les extrémités se réveillent. Ses doigts tremblent légèrement car il n’a pas si chaud que ça. Rester assis sans une veste, même en Californie, c’est pas très bon pour la santé. Doucement, il tourne sa tête pour regarder son amie, celle qui doit bouillonner de le voir dans cet état. En la regardant il comprend qu’il est temps pour lui de revenir totalement sur terre, et il se force à bouger. Il veut commander chacun de ses gestes à commencer par sa position. Il se tourne avec difficultés vers Lia, la regard de ses grands yeux sombres, et fronce les sourcils. Non, pas de gestes protecteurs et affectueux en vue. Il n’en a pas envie, n’en ressent pas le besoin et surtout il se souvient de leur dernière rencontre. Ses dents se serrent, et grincent faisant ressortir sa mâchoire carrée. Il lève la main pour se frotter le nez, il sait qu’il n’a pas pris de cocaïne, mais c’est un réflexe. Les sourcils se froncent, il sait qu’il est temps pour lui de parler, et quitte à s’engueuler autant le faire convenablement. Etre face à Lia, c’était comme être face à un adversaire. On sait qu’il a de bonnes idées, mais on doit faire passer les nôtres en premier. Le respect est le même, et l’admiration peut être plus grande vu qu’il la connait personnellement.

« On peut pas être normaux. On est trop différents pour être amis comme tout le monde. »

C’était un fait. Bien sur, Lia devait s’attendre à ce qu’en redescendant les pieds sur terre, il lui fasse des excuses rapides, mais Shawn prenait conscience que des excuses n’étaient pas que de simples mots, et encore moins des paroles en l’air. S’il avait à présenter ses excuses à Lia, il devait les penser. Or, il ne les pensait pas. Ca ne l’empêchait pas de vouloir réparer les choses avec la belle blonde. Bien d’autres sujets étaient à aborder que les excuses, selon l’américain, inutiles. D’abord, il allait répondre à ses interrogations. Cette fois ci son esprit était totalement libre de penser ce qu’il volait, même si de temps en temps, il avait une relancé de migraine passagère, il était capable d’avoir une conversation construite et argumentée avec quiconque lui adresserait la parole. Concentration à son comble, il reprend sa respiration et recherche les mots les plus adéquats pour répondre à la demoiselle. Grand orateur quand il est en forme, il était temps pour lui de faire une démonstration.

« Lia, tu es la fille issue d’un milieu populaire qui doit prouver tous les jours que tu es une bonne mère. Et moi, je suis un gars qui est dans le mauvais monde, mais qui va le changer pour qu’il devienne le sien. »

L’un comme l’autre avait des ambitions et devait faire face à un combat permanant, c’était surement pour cela qu’ils s’étaient approchés l’un comme l’autre. Il revenait de loin, et pas certain qu’ils iraient encore plus loin, ni même s’ils seraient toujours à deux pour la suite de leurs vies. Mais ce constat, il n’est pas prêt de le tirer. Mais avant qu’il ne s’attarde sur cette partie, il avait un autre point à éclaircir. Et pour cela, il se devait d’avoir l’avis de son amie. Car oui, même s’il n’était pas désolé, Lia était et serait toujours une de ses rares amies.

« Je sais que ça te fait pas plaisir que je me drogue. Mais dis moi, tu ferais quoi toi à ma place ? »