Marche, marche. C'est bon pour la santé. Je ne pense pas que de passer toute la journée à marcher dans les rues de la ville en hésitant à demander son chemin soit très gratifiant et c'est pourtant ce que je fais depuis que je suis arrivé ici. Un beau programme, ah si si. J'étudiais, je marchais, et je n'avais pourtant encore rien vraiment retenu de San Francisco malgré tous les efforts du monde. Certes, Paris est une grande ville, et je la connais comme ma poche, mais ici .. Je ne connais personne, n'ai pas vraiment encore de repère et espère que ça viendra. C'est long, en tout cas. Programme de la journée, certainement bosser dans la soirée, juste après être rentré de mes cours l'après-midi n'en ayant pas ce matin, j'en profiterai pour faire un petit tour, histoire de découvrir un peu plus d'endroits ici. Ca peut toujours servir.

Mon réveil sonne, je mets un certain temps avant d'ouvrir les yeux, m'étant couché assez tard la veille afin de pouvoir travailler un peu. Je n'aurais peut-être pas dû d'ailleurs. Il est six heures du matin, et je suis toujours fatigué. Certes, je pourrai dormir encore un peu étant donné que je n'avais cours ce matin, Je me lève tous les matins à la même heure, histoire de ne pas perdre les habitudes et que ça devienne de plus en plus simple, sauf quelques fois où vraiment je ne peux me lever. Après avoir éteint mon réveil, je me redresse avec difficulté, frottant mes yeux un par un puis passe une main dans mes cheveux totalement désordonnés. Je soupire doucement avant d'enfin, sortir de mon lit. Ce n'était pas simple tous les jours, en effet. Je m'étire un bon coup avant de me diriger d'un pas plus que lent vers la salle de bain, une bonne douche me réveillerait certainement, enfin, j'espère. Un petit quart d'heure sous la douche, j'en sors et prend la serviette sans trop voir ce que je faisais, je fais tomber mon flacon de parfum. Tellement doué, c'est moi. Je m'habille donc rapidement, d'une chemise à carreaux noirs et blancs, d'un jean bleu clair avant de nettoyer les dégâts. Ensuite, ma coiffure. Non ça ne me prenait même pas une minute que de mettre un peu d'ordre dans mes cheveux, n'étant pas un garçon très porté sur l'apparence physique ; ce n'est pour moi pas le plus important. Six heures et trente minutes, je sors de ma salle de bain, fais mon lit et va ouvrir la fenêtre pour aérer le temps que je ne sois pas là. Je sors désormais de ma chambre, bien que ne sachant pas plus que l'autre fois où me rendre vraiment. Je marche, et connaissant un peu mieux l'école, ne mets que deux trois minutes pour regagner la sortie.

L'air frais est vraiment plaisant, je trouve. Cette légère brise sur mon visage me fait sourire doucement. C'est agréable. Je fourre mes mains dans mes poches et commence à avancer, calmement en observant la ville de nouveau. A chaque fois je devais prendre un certain temps et découvrais de nouveaux endroits à chaque fois que je sortais. Cette fois, pas de livre à la main, je veux profiter du paysage, ce matin. Ma balade me mène alors dans l'un des parcs de la ville. Encore. J'aime bien me promener dans ceux-ci, c'est sympathique je trouve. Je marche sans trop faire attention, regardant le ciel pas encore tout à fait bleu et appréciant le calme de l'endroit. Mais comme dit précédemment, tellement adroit, je ne fais pas attention et mon pied rentre en contact avec celui d'une autre personne, je me ramasse par terre. Je mets un certain temps avant de me redresser, Je soupire doucement, en espérant que celle-ci ne m'en veuille pas trop de l'avoir dérangé et espérant également que je ne lui ai fais mal. « Eh merde, vraiment navré, je n'ai pas fait attention ! J'espère que je n'ai pas détruit ce que tu faisais? » Oui, je ne sais pas vraiment si j'avais emporté quelque chose avec moi dans ma chute. Je ne sais pas vraiment ce que cette persone, j'ai pas regardé. Elle écrit, peut-être? Ou alors dessine, compose? Je me vois mal le lui demander pour le moment.

Je suis par terre, et il y a un cahier à mes pieds. Je souris légèrement, passant une main dans mes cheveux un peu gêné, puis prends le carnet en possession, mais sans trop oser regarder ce qu'il y avait d'écrit dedans. C'est mal poli si je n'ai pas la permission de le faire, et ce sont ses affaires après tout. Selon elle, ses écrits sont mauvais. Quand on se juge nous sommes bien souvent impitoyables, je parle par expérience puisque n'ayant pas grande confiance en moi, je trouve toujours à redire dans ce que j'exécute. Une mauvaise habitude à prendre, mais mes parents m'ayant bien souvent critiqué, je n'arrive pas à prendre confiance, ou en tout cas, pas totalement. Je me redresse et me lève lentement, un peu étourdi du fait que je viens de tomber, et lui tends son carnet, toujours souriant. Elle a l'air sympathique, et même si on m'a souvent dit de ne pas me fier aux apparences, j'ai bien envie de faire une exception, et apprendre à la connaître avec cette idée de sympathie. Sans même demander, je m'assieds à ses côtés sur le banc, ne pensant pas que de toute façon ça la dérange, et si c'est le cas, elle me le dira sans doute. Je n'ai pas pour but de l'embêter de toute façon, alors si elle le veut, je pars, ce n'est pas un problème. « Moi c'est Eizekhiel, ravi de te connaître et que tu ne m'en veuilles pas, je ne suis pas très doué ! Tu dis que ce que tu écris est nul, tu es sérieuse? Je peux voir? Si tu avais un autre avis que le tien, de quelqu'un qui en plus ne te connait pas et serait donc totalement objectif, ça t'aiderait à avancer, tu ne crois pas? Enfin, moi après je dis ça, je ne dis rien hein. » Je me mêle certes de ce qui ne me regarde pas, mais c'est une mauvaise habitude, tout simplement. Mais sinon, j'ai raison, enfin je crois. On ne peut être totalement objectif quand il s'agit de se juger soit même, de plus, juger l'oeuvre de quelqu'un que l'on ne connait pas est bien plus simple, puisque notre relation ne peut aucunement influencer mon jugement. Enfin, peut-être allait-elle refuser que je lise, de toute façon c'est son droit et je n'ai rien à dire là dessus, ne désirant l'obliger à quoique ce soit. « Tu viens souvent ici pour écrire, ou alors profites-tu simplement du temps bien agréable de la journée? » Question suivie d'un joli sourire.

Je souris souvent dans mes échanges avec les autres personnes, que je les connaisse ou non, comme ça ils ne voient pas que je vais mal à cause d'elle, encore et toujours. Si il m'arrive de faire la gueule, c'est généralement quand je suis seul, afin d'être plus tranquille. Alors souvent je me force à avoir un beau sourire, pour les apparences quoi. Mais étant content de la rencontrer, je n'ai pas besoin de trop me forcer non plus, après, ce n'est pas certain que nous nous entendront bien, affaire à suivre.

Cyrielle, s'appelle t-elle alors. Je souris doucement, c'est un joli prénom, je trouve. Que ça fasse Américain ou non je m'en fous en fait, dans la mesure ou moi même je ne le suis pas, je ne vois pas de quel droit je pourrai la juger par ses origines. Je suis français moi, et je l'assume totalement. Cependant, je ne suis pas un de ces garçons qui pense que les français sont spécialement les meilleurs, que les Parisiens ne peuvent être égalés, c'est une question de point de vue après tout. Selon moi, nous sommes tous égaux. Enfin, non. Il est vrai que certaines personnes tombent bien bas dans l'estime et celles-ci ne méritent guère reconnaissance. Alors disons qu'il n'y a pas de meilleure nation qu'une autre, c'est plus simple, et si on prend en compte le fait que les cons sont partout, ça marche plutôt bien. « Je suis ravi de te rencontrer Cyrielle. Et ne t'en fais pas, je ne suis pas américain alors je ne peux rien te dire ! C'est vrai, quand on m'entend parler, on remarque que l'anglais n'est pas ma langue natale. Je suis né à Paris. Tu viens d'où? Je ne suis peut-être pas un artiste mais je pense que dans ce milieu, une panne d'aspiration peut être très fréquente. Tu ne devrais pas t'en inquiéter, ça finira bien par revenir, enfin je l'espère pour toi en tout cas. Ce n'est pas bien grave, je pense. Et ne t'en fais pas, je vais lire et puis je te dirai si c'est aussi nul que tu me le fais penser, ou si tu exagères simplement ! » Je lui souris, puis après m'être assis près d'elle sur le banc, reprends le cahier pour pouvoir lire son contenu. Elle venait de m'y autoriser, je ne fais donc rien de mal. J'ouvre ce dernier, mes yeux se posant distraitement sur une page, puis une autre, quand je tombe sur ce qu'elle écrivait avant que je n'arrive. Je hausse les épaules. « Personnellement, et je ne dis pas ça pour te ménager, je pense que c'est un bon début. Après je dois bien avouer que je suis arrivé et que j'ai un peu tout gâché, d'ailleurs j'en suis navré, encore une fois ! Tiens je te rends ça, et je te souhaite d'arriver à continuer, ce serait regrettable de ne pas pouvoir achever cela. » Je lui redonne le cahier, de nouveau. Je ne mens pas, je ne mens jamais moi. Enfin, sauf si c'est réellement nécessaire, là, non.

J'apprends de plus en plus de choses sur la jeune femme, elle fait du théâtre et sait jouer de la guitare. Intéressant, je dois dire. Je secoue la tête de gauche à droite en guise de réponse. « C'est normal que tu ne m'ais encore jamais vu ici, en fait je viens d'arriver à San Francisco. Ca ne fait quelques jours, et je dois bien avouer que je suis un peu perdu ici ! Enfin, ce n'est qu'une question de temps, je finirai par m'adapter. » Je n'en suis pas si certain en fait. Le temps d'adaptation est selon moi bien trop long. Mais bon, pour pouvoir faire une belles carrières et suivre les études désirées, il faut bien faire quelques concessions n'est-ce pas? Même s'il arrive que je ne me fasse jamais à cette nouvelle vie, ce n'est pas important en fin de compte. De toute façon, sans elle, que ma vie soit belle ou non, je n'en ai plus rien à faire.

« Bon, loin de moi l'idée de te déranger plus longtemps Cyrielle, je vais te laisser tranquille je crois .. Ce fut un réel plaisir de te rencontrer, et j'espère qu'on se reverra un jour! »