Ambre venait de passer deux jours à angoisser seule dans sa chambre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle avait reçue une lettre. Alice, une des femmes qui s’occupent des enfants à l’orphelinat lui avait expliqué que dans cette fameuse lettre qu’elle avait reçue, elle était convoquée au tribunal dans deux jours. Au début, elle n’avait pas comprit et finalement Alice avait lu ce qui était l’information la plus importante. En effet le juge voulait voir la petite fille pour parler de son adoption. Seulement Ambre avait aussi apprit qu’en plus de Maria, il y avait un couple qui voulait aussi l’adopter. Tout cela fit qu’elle ne bougeait de sa chambre que pour manger et se laver. Le reste du temps elle restait dans son lit, bien sous les draps et surtout elle envoyer balader toutes les personnes qui s’approchaient d’elle. Il n’y avait que Tom qui pouvait la voir sans aucune crainte. Lui était toujours là pour elle et il était le seul qui ne l’obligeait à rien. Seulement aujourd’hui Ambre savait que tout pouvait se jouer. Il y avait trois possibilités qui s’offraient à elle. Soit elle était adoptée par cette famille qu’elle n’avait vu qu’une seule fois et dont elle n’avait pas particulièrement fait attention. Soit elle était adoptée par Maria ce qui serait la meilleur possibilité selon elle. Soit elle se retrouvait à nouveau à l’orphelinat, parce que la juge aurait déclaré qu’aucune des personnes voulant l’adopter ne pourrait le faire.

Se levant difficilement, elle apprécia le fait d’avoir dormit avec Tom. Le petit garçon était particulièrement protecteur avec elle et elle devait avouer qu’elle avait peur de ne plus jamais le revoir. Mais elle ne voulait pas penser à ça pour le moment. Une fois lavée et habillée, elle alla prendre son petit déjeuner. Enfin elle ne fit que le regarder, parce qu’elle ne pouvait rien avaler. Alice était là et allait l’accompagner jusqu’au tribunal. Ambre était nerveuse, mais une fois dans la voiture toutes ses craintes s’envolèrent. En effet Tom était là et lui expliquait qu’il ne voulait pas la laisser seule. Esquissant un sourire, elle embrassa le petit garçon. D’habitude elle le faisait sur la joue, mais pas cette fois-ci. C’était comme la première fois qu’elle l’avait embrassée, mais pour elle ça n’était pas encore quelque chose de vraiment symbolique. Enfin bref, laissant Alice conduire, Ambre était tout de même un peu tendue. Sortant finalement de la voiture, elle marcha avec les deux personnes qui l’avaient accompagnée. Entrant dans le grand bâtiment, elle fut intriguée par tout cela. Voyant des gens marcher dans tous les sens, elle se blottit contre Alice. La jeune femme essaya de la rassurer et Tom lui prit la main. Allant alors s’asseoir dans le couloir, Ambre ne se sentait pas du tout à l’aise.

Mais elle fut un petit peu plus rassuré en voyant Thomas arriver. Ce dernier n’est autre que l’avocat que Maria lui a présenté une fois. Cet homme avait déjà passé plusieurs heures en compagnie de la fillette et elle se sentait un peu rassurée de le voir là. Il semblait tout à fait d’accord que Maria l’adopte alors ça la rassurait de le voir à ses côtés. Après quelques minutes, Ambre vit le couple qui voulait l’adopter avec un homme avec eux. Apparemment il s’agissait de leur avocat. Ne disant rien, elle baissa la tête, ne voulant pas les regarder. Elle était déjà assez tendue comme ça. Les laissant entrer dans une salle, elle leva la tête et sentit Tom lui presser doucement la main. Elle le regarda et esquissa un sourire, avant de poser son regard sur Maria. Elle était là et elle semblait elle aussi tendue. Lui faisant un sourire, Ambre la regarda. Elle était avec Edward et Thomas alla les rejoindre. Apparemment tout le monde était là, il ne lui restait plus qu’à entrer à son tour. Y allant avec seule, elle regarda Alice et Tom. Elle aurait aimé qu’ils viennent, mais ils ne faisaient pas partit de tout ça, donc ils devaient attendre à l’extérieur. Suivant doucement Thomas, elle ne dit pas un mot. En effet l’avocat lui avait dit de ne rien dire. Même pas un bonjour à Maria. Elle ne devait pas exprimer ses sentiments. Elle devait faire comme si elle ne la connaissait pas, chose qui était bien plus que difficile pour la fillette qui est d’un tempérament à dire ce qu’elle pense.

Ambre se stoppa dès que la porte derrière elle se referma. Elle vit en face d’elle un grand bureau avec derrière un homme. A gauche, le couple qui voulait l’adopter et à droite Maria et Edward. Les avocats avaient prit place à côtés de leurs clients respectifs, mais Ambre était complètement paralysée par la peur de dire ou de faire quelques chose qui la ferait se retrouver seule. Mais finalement l’homme qui était derrière le bureau, qui était le juge lui demanda de prendre place sur la chaise qui était au milieu. Avançant timidement, elle prit place avec l’aide de Thomas.

"Bonjour Ambre."
Bonjour Monsieur.

Elle était vraiment impressionnée elle ne savait pas du tout comment s’en sortir.

"Voici la famille Matthews et voici Maria O’Berkeley et Edward O’Malley. Tu les connais tous ?"
Oui Monsieur.

Le juge se mit à sourire, mais la petite était toujours aussi intimidée.

"Très bien alors nous pouvons commencer."

Ambre écouta alors la famille Matthews parler du fait qu’ils étaient mariés depuis plus de vingt ans. Ils avaient des emplois stables, avec des salaires fixes. Ils avaient deux grands enfants qui étaient partit vivre à l’étranger. Mais en faisant un tour à l’orphelinat comme bénévole ils avaient rencontrés Ambre et avaient décidés de l’adopter. Mais la fillette ne se souvenait que d’une seule de leur visite. Elle ne se souvenait pas les avoir plus qu’une fois. Puis, ce fut au tour de Maria de parler, ce qui fit tendre l’oreille à la fillette. Apparemment le juge lisait le dossier de la directrice adjointe de Berkeley avant de finalement prendre la parole.

"Madame O’Berkeley, vous avez déjà fait une demande d’adoption pour Ambre qui a été rejetée. Pourquoi en refaire une à nouveau ? Que pourrez-vous apporter à cette fille ?"

Enceinte de bientôt quatre mois maintenant, Maria O'Berkeley finissait par croire qu'un bon dieu existait réellement quelque part. Alors qu'elle avait vécue de véritables horreurs dans sa vie comme la mort brutale de Matthew plus de six ans auparavant, voilà que la vie lui souriait à nouveau. Future heureuse maman d'un petit garçon, qu'ils nommeraient Aaron, compagne d'un professeur d'Histoire fabuleux, et maintenant future maman d'une petite fille nommée Ambre Harisson, dont elle était folle depuis bien longtemps maintenant. Assise sur l'une des chaises du grand bureau, la main dans celle de son compagnon, Maria priait intérieurement pour que tout se passe comme prévu. Elle ne pouvait pas échouer maintenant, pas alors qu'elle était si proche de son but ultime dans la vie.

Deux semaines plus tôt :

« Edward ! EDWARD !!! Ça y est !! »

Une lettre en main, Maria cherchait son compagnon partout dans la maison, il n'était pas dans le salon, alors il devait certainement être dans la chambre à coucher, en train de faire elle ne savait trop quoi. A vrai dire, Maria se fichait pas mal de savoir ce qu'il faisait, elle voulait simplement le tenir au courant de ce qu'elle venait de lire. Sa – ou plutôt leur – requête d'adoption avait été acceptée et devait donc être étudiée de près pour être définitivement acceptée ou non. Entrant dans la chambre comme une ahurie, elle vit son compagnon qui cherchait quelque chose dans la penderie.

« Le jugement sera rendu dans deux semaines ! »

Elle était aux bords des larmes, heureuse comme ce n'était pas permis. Elle allait finalement parvenir à ce qu'elle désirait énormément depuis si longtemps. Waouh ! Après tant d'épreuves vécues, Maria allait être la mère d'Ambre Harisson. Finalement ! Enfin...peut-être s'enflammait-elle un peu vite puisqu'elle avait également apprit qu'une autre famille se proposait à l'adoption de la jeune Ambre. Non, ils ne l'auraient pas, ce n'était pas du tout envisageable.




Lorsqu'elle avait vu arriver la petite fille dans la pièce, Maria avait sentie sa gorge se serrer brutalement. Elle était bien évidemment très heureuse de la voir, mais elle s'en voulait aussi quelque peu de devoir faire « subir » ce genre de choses à une enfant de quatre ans. Malgré la maturité de la petite, Ambre devait être sacrément effrayée, et elle aurait finalement raison de l'être.

Le discours des Matthews se tenait, ce qui fit peur à Maria qui était déjà pourtant suffisamment effrayée comme cela. Ils étaient mariés, Edward et elle ne l'étaient pas. Maria était enceinte, ce qui ne jouait peut-être pas en leur faveur finalement. Elle ne savait plus du tout quoi penser présentement.

« En effet, ma première demande d'adoption a été refusée, et si je suis de nouveau ici monsieur le juge, c'est tout simplement parce que j'aime Ambre comme ma propre fille, et que ce n'est pas un jugement qui m'arrêtera, la preuve en est ma présence ici en ce moment, ainsi que celle de mon compagnon. Ambre a besoin d'un foyer stable, j'en conçois tout à fait, et je suis persuadée que mon compagnon et moi sommes tout à fait en mesure de rendre Ambre heureuse autant qu'elle le mérite. »

Sa main n'avait pas quitté celle de son compagnon, elle avait peur, incroyablement peur à vrai dire.

Assise au milieu de tous ses adultes était intimidant. En temps normal Ambre aurait fait un peu d’humour, mais là elle savait que c’était quelque chose de très sérieux. Elle devait donc rester calme et écouter. Laissant les Matthews parler, elle se disait qu’ils semblaient gentils. Ils avaient déjà deux enfants, alors pourquoi voulaient-ils d’elle ? Ca elle se le demandait bien. C’est vrai après tout, leurs enfants étaient à l’étranger, mais ils en avaient déjà deux. Maria elle n’en avait pas. Enfin plutôt elle allait en avoir un et elle pourrait avoir Ambre. Là pour la fillette ça serait déjà bien plus équitable. Alors quand ce fut au tour de Maria de parler, la fillette ne dit rien, mais écouta avec attention. Ambre se rendait compte que finalement elle n’avait jamais trop parlé de cette fameuse adoption avec la jeune femme. Elles s’étaient juste avouées qu’elles voulaient vivre ensemble, mais rien de plus que cela. Mais Ambre devait rester maîtresse de ses émotions, alors elle fit de son mieux pour que personne ne voit sa timidité.

Ouvrant donc ses oreilles, elle ne pû s’empêcher de baisser la tête et de sourire. Maria prenait sa défense et ça lui faisait plaisir d’entendre cela. Reprenant un visage neutre, elle leva à nouveau la tête. Thomas lui avait dit de ne pas montrer ses émotions, donc le baissement de tête était volontaire pour cacher son sourire. Regardant alors le juge qui lisait un papier, l’homme tourna finalement la tête vers Ambre. La petite se sentit angoissée, mais finalement le juge tourna la tête pour fixer une autre personne. Soupirant doucement, Ambre rejoint son regard et vit que c’était Edward qui était interrogé cette fois-ci. Fronçant doucement les sourcils, la fillette se demander pourquoi le juge voulait lui parler à lui. Après tout Maria avait dit le principal non ?

"Monsieur O’Malley, vous faites donc aussi cette demande d’adoption avec votre compagne. Je lis dans le dossier que de votre côté vous avez deux enfants. Vous êtes donc prêt à adopter également mademoiselle Harrison ?"

Ambre ouvrit alors la bouche sous la surprise. Il fallait revenir en arrière pour elle là. Comment ça il avait deux enfants déjà ? Ah oui mais non, ça n’allait plus ça. Les Matthews avaient deux enfants et Edward aussi. Alors le bébé allait en faire un troisième pour le jeune couple, mais le couple plus âgé serait désavantagé. Donc ça voulait dire qu’Ambre irait avec eux. Fermant la bouche, Ambre fronça les sourcils. Sa logique était clairement erronée, mais elle aurait apprécié, plus qu’apprécié même, être mise au courant de tout cela. Donc ça voulait dire que non seulement elle allait devoir connaître les enfants de l’homme, si Maria avait sa garde et qu’en plus elle serait la fille d’Edward ? Ca en faisait beaucoup pour la fillette qui n’était plus très sûre de comprendre la situation présente.

« Edward ! EDWARD !!! Ça y est !! » J'étais dans la chambre, le nez dans l'armoire, à la recherche d'un jogging et d'un T-shirt quand j'entendis Maria hurler disons... particulièrement fort. Heureusement qu'elle n'était pas à côté de moi maintenant, sinon, mes tympans auraient été usés. Alors que je m'apprêtais à mettre une tenue de sport afin d'aller courir un peu, la brunette débarqua comme une furie dans la pièce, une lettre à la main. « Le jugement sera rendu dans deux semaines ! » Je ne vous cache pas que j'ai pris un petit moment à saisir la compréhension de tels mots. Le jugement ? Quel jugement ? Et c'est quand je la vis les larmes aux yeux, souriante, que je compris. Ambre. « C'est vrai ?! » Un large sourire s'inscrit sur mon visage, suivit d'un léger rire de joie, alors que je prenais la brunette dans les bras, finissant par la porter de façon à ce que ses jambes entourent ma taille. « C'est super ! » Nos lèvres se rencontrèrent avec assurance et amour.

Deux semaines plus tard, qui passèrent étrangement vite, nous nous retrouvâmes, Maria et moi, en face d'un juge. À notre gauche, une autre famille potentielle de pouvoir adopter Ambre. Certainement plus potentielle, mais je m'expliquerai dessus plus tard. Avec nous, avocats, autres personnes professionnelles du milieu et quelques spectateurs. Enfin arriva le sujet principal. Une gamine de quatre ans, haute comme trois pomme, innocente comme un bébé, belle comme un ange, désorientée comme un lion en cage...Voir cette scène me fit un pincement au cœur. J'avais cette fâcheuse impression de faire du mal à cette petite en l'ayant contrainte à venir ici et donc à vivre pour la seconde fois – minimum – cette expérience. C'était un peu comme une vente aux enchères. Celui qui était capable d'offrir le plus l'aurait, et pas celui qui pourrait lui apporter le plus d'amour ou bien le plus de valeurs. On ne demandait même pas l'avis de la jeune Ambre. Quelle famille préférait-elle ? Aucune peut-être ? On était en train de changer toute sa vie, sans même prendre ses envies en conséquence. C'est barbare. Je ne sais pas si cette procédure est typiquement américaine, car c'est la première fois que j'assiste à cela. Si c'est le cas, ce sont vraiment des monstres.

A mes yeux, la seconde famille a des avantage quant à leur demande d'adoption. Ils ont des emplois stables, bien rémunérés. Bon, pour cela, Maria et moi sommes dans le même cas, voir même peut-être un peu plus aisés. Mais plusieurs contraintes nous font face. La première, notre couple est tout récent, et même si nous savons qu'il marchera, ce n'est pas forcément le cas pour le juge, ou bien l'avocat adverse. J'ai déjà deux enfants, un troisième à naître. Adopter Ambre, devoir s'occuper d'un bébé juste après, ça allait nous porter préjudice, j'en étais persuadé, car ils estimeraient qu'on ne pourrait pas lui apporter toute l'attention dont elle a besoin. Je n'étais pas naturalisé américain, j'avais un casier judiciaire, même si ça remontait à mon adolescence, et mes problèmes de santé pouvait m'achever avec un rejet dû à ma transplantation cardiaque, ou bien avec un cancer et j'en passe. Allait-on vouloir confronter la gamine à une mort certaine, dans plus ou moins de temps ? Et merde... je ne mettais pas vraiment posé la question avant. J'allais tout faire foirer. Je baissais la tête, regardais mes chaussures en serrant les dents. Je partais peut-être défaitiste, mais réaliste également.

Je gardais la main de Maria au creux de la mienne. Mon certain talent de comédien m'aidait à n'afficher aucun sentiment de crainte ou d'angoisse face à ce que je venais d'exprimer dans ma tête. La seule chose qui me trahissait, c'était la façon dont ma main, moite, ne voulait plus lâcher celle de la brunette, comme si elle allait m'aider à tenir le coup à elle toute seule. Ah j'ai oublié quelque chose qui, au final, à aussi son importance. Ambre ne m'apprécie pas. En fait, je crois même qu'elle me déteste. Elle pensait pouvoir vivre uniquement avec Maria, sans aucune présence masculine. J'étais l'intrus de leur petite histoire d'amour, je lui apportais deux frères et une sœur, alors qu'elle s'était bien souvent mise dans l'esprit d'être la fille unique de la directrice adjointe de l'université de Berkeley. Je lui ai déjà rendue visite à quelques reprises à l'orphelinat, sans la brunette, afin de discuter avec elle. À chaque fois, elle m'a fait comprendre que ma présence la dérangeait. Enfin, c'était moins le cas avant, lorsque Maria et moi étions seulement meilleurs amis. Là, j'étais, du moins je semblais être, le bon copain, celui qui fait rire. Aujourd'hui, j'étais cet enfoiré qui lui retirait tout espoir. Et si par miracle nous venions à réussir à l'adopter, ce qui serait en partie grâce à ma présence, elle ne trouverait pas le moyen de m'en aimer plus pour cela. C'est étrange comme sensation. Je mets ça sur le compte de son jeune âge et j'espère ne pas faire quelque chose qui ne lui plairait absolument pas. Car au fond, je ne savais pas si elle préférait vivre avec Maria et accepter ma présence, ou bien si elle préférait complètement abandonner l'idée de cette adoption par dégoût pour moi. Je suis dans une position difficile, mais aussi étrange, car elle est bien la première gamine à me détester. En principe, tous les enfants m'adorent. Mais bon...

« Monsieur O’Malley, vous faites donc aussi cette demande d’adoption avec votre compagne. Je lis dans le dossier que de votre côté vous avez deux enfants. Vous êtes donc prêt à adopter également mademoiselle Harrison ? » Je tournais un court instant la tête vers Maria, afin de croiser son regard, certainement pour y trouver de l'assurance. Puis j'observais Ambre. Me raclant quasi-silencieusement la gorge, je reportais mes yeux d'un bleu azur sur le juge. « Oui monsieur. » Je cherchais les meilleurs mots. Et, comme j'avais peur que le fait que je ne sois pas de nationalité américaine porte préjudice, je m'efforçais d'effacer mon accent irlandais ce que Maria verrait assez vite dans la mesure où, à la base, j'ai un accent assez prononcé. « Je viens d'une famille nombreuse. Je sais comment tout cela se gère dans la mesure où mes parents on fait un travail formidable pour donner de l'amour à chacun de nous. Donc oui, j'ai également deux enfants de huit ans et je pense sincèrement pouvoir m'occuper de chacun d'eux et leur apporter tout ce dont ils ont besoin. J'ai envie d'adopter Ambre enfin... si ça lui convient bien entendu. » Et oui, j'appuyais sur le fait qu'il serait peut-être temps de lui demander son avis à cette petite.

Avoir dans sa vie une personne qui vous aime c’est le principal. En tout cas pour Ambre ça l’est. Elle avait eu Mike, le premier adulte à avoir voulu l’adopter et qui l’avait fait. Elle avait mit trop de temps à aller vers lui et il était mort. Mike était mort d’un cancer, une chose qu’à l’époque Ambre ne connaissait pas. Aujourd’hui elle sait ce que c’est et elle ne veut pas être une nouvelle fois confrontée à cela. Elle ne voulait pas non plus s’attacher à qui que ce soit et pourtant aujourd’hui elle est attachée à beaucoup de monde. Tom, Samuel, Antoine, Charles-Edouard, Nelligan, Brooke, Olivia, Ethan, Thomas, Alexander. Ce sont ces personnes là à qui elle tient plus que tout, bon sans oublier Steve son rat évidemment. Ca lui rappelait qu’elle ne l’avait pas encore présenté à Maria et elle espérait que la jeune femme n’allait pas vouloir le tuer si jamais elles devaient vivre ensemble. Maria … Cette jeune femme qu’Ambre considère aujourd’hui comme sa mère. Elle ne voit plus sa vie sans elle et elle ne veut pas que le juge qui est là en face d’eux puisse dire qu’elle ne peut pas avoir la garde de la fillette. Cette dernière veut une mère et pour elle, ça sera toujours Maria. Evidemment les Matthews semblent gentils et agréable, mais dans l’esprit de la demoiselle, seule Maria compte.

Du côté masculin Ambre avait Mike qui serait le seul et unique homme qu’elle voudrait avoir comme père. Oui il est mort depuis plusieurs années déjà, mais elle ne pourrait jamais l’oublier. Elle a ensuite rencontré Samuel qui lui a fait ouvrir les yeux sur le fait que finalement elle pouvait considérer un autre homme comme son père. Ambre avait alors tout ce qu’elle désirait. Maria comme mère, Samuel comme père, Charles-Edouard et Nelligan comme grands frères et Tom comme ami, voire même petit ami. Ambre ne voyait pas ce qu’elle avait besoin de plus. Maintenant, elle savait aussi qu’elle allait être une grande sœur et c’était une idée qui lui plaisait également beaucoup. Mais dans tout cela il y avait Edward. Avant la fillette devait avouer qu’elle aimait beaucoup l’homme, mais depuis que Maria s’est mise à passer plus de temps avec lui qu’avec elle, Ambre a mit cet homme dans le côté des "barrières qui l’empêcherait d’avoir un avenir avec Maria". Seulement aujourd’hui elle apprenait qu’il avait des enfants lui aussi et le juge voulait apparemment savoir ce qu'il pensait de tout cela. Ambre avait prit un air boudeur, mais elle écoutait toujours avec autant d’attention ce que Edward allait dire.

En l’écoutant, elle apprenait un peu plus de choses sur lui. Ca n’était pas plus mal, parce qu’Ambre savait qu’elle devrait se faire à la présence de l’homme, ce qui ne serait pas évident au début. Mais elle essayerait de faire de son mieux pour ne pas le rejeter totalement. Baissant la tête aux propos d’Edward, la fillette se remit alors en question. Il voulait l’adopter aussi ? Ca elle ne s’était pas attendue à l’entendre de sa propre bouche. Partant dans ses pensées, elle ne fit pas vraiment attention à ce qui passait ensuite autour d’elle.

"Monsieur O’Malley, pour le moment je veux déterminer qui sera la meilleure famille pour la fillette. Son avis viendra ensuite, nous ne sommes pas des barbares."

Puis le juge demanda aux avocats de présenter les foyers des couples. Il voulait voir s’il y avait bien une chambre pour Ambre, si tout était comme il le fallait. Le juge prenait apparemment son temps pour faire son choix.

"Ambre ?"

La fillette fut sortit de ses pensées et fixa le juge qui lui sourit.

"J’aimerais que tu nous dises ce que toi tu penses de tout ça. Est-ce que tu peux commencer par nous dire comment tu as rencontré chaque personnes ici présentes et ensuite ce qui te ferais le plus plaisir ?"

Hochant la tête positivement, la fillette ne savait pas très bien si elle pouvait tout dire. Hésitant un peu, elle fixa finalement le juge dans les yeux.

J’ai rencontré les Matthews quand ils sont venus à l’orphelinat. Ils faisaient du euh . . . bénévolat.

Elle n’était plus sûre du mot mais apparemment c’était ça vu que le juge la laissa enchainer.

Je ne me souviens qu’une seule de leur visite. Je ne crois pas les avoir vu depuis cette fois là. On avait fait du coloriage, de la peinture et on avait joués dehors.

Elle chercha encore dans sa mémoire, mais rien ne lui vint.

"Et pour Madame O’Berkeley et Monsieur O’Maley ?"

Ambre ne pû s’empêcher d’esquisser un sourire en regardant Maria.

Maya vient souvent à l’orphelinat. Elle fait aussi des choses avec moi. La peinture, le coloriage, jouer dehors, du shoping et elle reste me lire une histoire avant de dormir quand elle peut.

Se souvenant des ces moments, la petite devait avouer que c’était toujours des moments qu’elle aimait.

Pendant un temps elle n’ait pas venu me voir. Je ne sais pas pourquoi et puis, elle est finalement revenue en me disant qu’elle attendait un bébé. Ca n’a pas été facile, mais maintenant je sais que je serais une grande sœur alors ça va.

Esquissant un sourire, elle se souvenait aussi de ce moment là qui n’avait pas non plus été simple pour les deux femmes.

"Est-ce que tu peux nous dire avec qui tu aimerais vivre ?"
Maya. Non, enfin ... si, mais ce n’est pas à moi de décider.

Baissant la tête, elle soupira doucement.

"Très bien Ambre."

La fillette, ne dit plus rien et écouta juste le juge lui dire de le suivre jusqu’à un autre endroit. Jetant un œil vers Maria, elle soupira doucement. Elle aurait aimé pouvoir avoir un peu de temps avec la jeune femme, mais apparemment ça n’était pas possible. Le juge expliqua également aux deux familles qu’elles devraient attendre là le temps qu’il parle seul à seul avec Ambre pour lui poser encore quelques questions. Suivant donc l’homme, Ambre laissa les autres dans cette pièce et suivit l’homme qui voulait encore lui parler.

Maria qui pensait avoir beaucoup la possibilité de s'exprimer durant cette entrevue avec le juge fut finalement bien surprise lorsque celui-ci demanda à tous les adultes de quitter la pièce pour ainsi le laisser seul avec la jeune Ambre. Maria en fut finalement presque choquée. De plus, elle avait bien vu le regard de la petite fille, ce fameux regard la suppliant quasiment de rester auprès d'elle, et de lui tenir la main. Ah ! Mais quel système juridique à la con franchement ! Soupirant discrètement, la brunette quitta malgré tout la pièce, ne voulant pas non plus s'attirer d'ennuis avec la justice et se voir directement refuser l'adoption d'Ambre.

Une fois tous sortis, Maria se faufila directement dans les bras de son compagnon en fermant les yeux, le front contre le torse d'Edward. Elle craignait le pire présentement, comme si la présence de cette seconde famille risquait de tout faire foirer. Non ! Maria refusait cette éventualité, ce n'était pas envisageable, pas après tout ce qu'elle avait pour parvenir à ce fameux jour où on lui dirait enfin « Madame O'Berkeley, vous pouvez adopter Ambre. » il était hors de question qu'elle laisse deux pauvres idiots saboter toute sa vie ! Soupirant, elle se rendit compte que ses pensées envers ses deux personnes étaient méchantes, mais elle ne pouvait pas les voir comme des personnes adorables, ils étaient tout de même près à lui retirer sa fille ! Ce n'était pas rien...et en parlant du loup...

« Ecoutez, vous voyez bien que vous n'avez aucune chance, votre situation familiale et beaucoup plus difficile que la nôtre. Ambre serait bien plus sereine avec nous... »

Ces quelques mots envers Edward et elle furent malheureusement pour le couple les mots de trop, et Maria se retourna brutalement vers la femme qui avait parlé. Elle lui lança alors un regard meurtrier bien décidée à lui faire ravaler toutes ses absurdités.

« Vous ne savez rien d'elle ! Vous n'êtes venus la voir qu'une seule fois ! Comment peut-on décider d'adopter une enfant après l'avoir vu quelques minutes ? »

« Nous aimons Ambre. »

« Et je suis la reine d'Angleterre aussi ! Osez me dire que vous la connaissez aussi bien que je la connais et je reverrais mon jugement sur votre demande d'adoption. »

« Elle est née le jour de Noël, en 2006, à New-York. »

« Oh génial, vous savez lire un dossier ! Vous ne savez rien du tout d'Ambre ! Est-ce que vous connaissez le nom de son meilleur copain à l'orphelinat ? Est-ce que vous savez ce dont elle rêve pour Noël ? Est-ce que vous savez son animal préféré ?! NON ! »

Elle craqua subitement et se mit à pleurer, elle avait comme l'impression que ce couple était près à tout pour avoir Ambre, comme si c'était un jouet pour un anniversaire, mais on parlait d'une enfant de quatre ans là pas d'un jouet !!

L'heure de la délibération avait sonné. Nous fûmes tous invités à quitter la pièce et attendre à l'extérieur, dans le couloir. Je laissais Maria venir se réfugier dans mes bras protecteurs. J'étais mal à l'aise face à tous ceci, je stressais à l'idée qu'on nous refuse l'adoption. Imaginez alors l'état dans lequel devait se trouver la brunette, elle qui rêvait depuis si longtemps d'avoir Ambre pour fille, elle qui avait déjà fait une demande qui malheureusement, s'était vue rejetée. Nous devions garder espoir jusqu'au bout. Mes grandes mains caressaient le dos de la brunette, dans un geste réconfortant. Mes lèvres se déposèrent avec délicatesse sur sa tempe. « Tout va bien se passer mon cœur... je te le promets, d'accord ? » Je n'étais sûr de rien, mais il fallait bien que l'un de nous deux se montre rassurant, afin de soutenir l'autre. Nos regards se croisèrent. Je lui adressais un beau sourire rempli d'amour. Jusqu'à ce que...

« Écoutez, vous voyez bien que vous n'avez aucune chance, votre situation familiale et beaucoup plus difficile que la nôtre. Ambre serait bien plus sereine avec nous... » Je fronçais les sourcils, formant une ride du lion, en entendant ces paroles sortirent de la bouche de cette mégère. Comment osait-elle dire ce genre de choses ? Je n'eus même pas le temps de répliquer quoi que ce soit, car Maria s'en chargea à ma place. Les deux femmes se prirent assez rapidement la tête. Naturellement, j'étais du côté de ma compagne et si j'avais été objectif, je n'aurais pas eu une opinion différente. Ils ne l'avaient vu qu'une seule fois. Une seule fois ! C'était l'hôpital qui se foutait de la charité !

« Je vous en prie ! Monsieur à déjà deux enfants. Vous attendez un bébé. Vous n'allez pas nous faire croire que vous avez à tout prix besoin d'Ambre pour boucher un vide dans votre vie. » Cette fois-ci, c'était à moi de répondre. Je laissais Maria derrière moi, en larmes, alors que je m'approchais de l'homme qui venait de prononcer ces paroles. « On a eu pour projet d'adopter Ambre depuis un moment déjà, bien avant que ma compagne ne tombe enceinte. Nous aimons cette petite, et le fait que nous n'abandonnions pas cette procédure parce que nous attendons un enfant en est la preuve. Donc non, on n'adopte pas pour combler un vide contrairement à vous. On veut adopter une gamine que l'on aime et qui nous aime. » Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de l'homme, visiblement friand de la tournure des évènements. « On croirait des paroles sorties tout droit de La Petite Maison Dans La Prairie. C'est mignon. »

Mes sourcils se froncèrent derechef. Que cherchait-il à faire ? À me déstabiliser ? À nous déstabiliser ? « Nous nous sommes renseignés sur vous. Entre mademoiselle qui est directrice adjointe de l'université de Berkeley et qui n'aurait pas beaucoup de temps entre son travail et le bébé, et monsieur qui n'est certainement pas digne d'être de nouveau parent... je peux aisément dire que nous avons toutes les chances de notre côté. » Mes yeux devinrent rouges de haine. « Qu'est-ce que vous entendez par-là ? » J'observais l'homme avec une grande sévérité. « Et bien, vous avez bien un casier judiciaire, non ? Vous n'êtes même pas américain et puis vos problèmes de santé monsieur. Savez-vous que dans certains pays, on refuse de donner aux personnes ayant des problèmes cardiaques un prêt pour acheter quoi que ce soit ? Et bien c'est pareil pour une adoption. Il n'y a aucun intérêt à confier la garde d'un enfant à quelqu'un qui... » Je ne le laissais même pas terminer que je lui envoyais mon poing en pleine figure, ce qui le fit valser en arrière. Son dos rencontra brutalement le mur. Et alors que mon avocat m'immobilisait, l'homme eut un vague sourire. C'était donc ça qu'il cherchait ? Que j'use de la violence ? « Vous venez de nous prouver que vous n'êtes pas digne de voir cette adoption vous êtes acceptée. » Je tentais de me libérer de la poigne de mon avocat, mais l'autre s'y joignit pour me stopper. « Vous n'êtes qu'une ordure ! Vous ne méritez pas de l'avoir ! »

J'admets mes tords. Je suis impulsif, très impulsif et lorsqu'un homme me prend ainsi la tête, je n'y vais pas par quatre chemins. C'est un défaut. Le couple s'exila un peu plus loin, visiblement contents d'eux. Leur avocat les rejoignit. Je soupirais d'énervement. « Et bien bravo ! Vous êtes tombé dans le panneau, comment je fais maintenant ? Vous partez déjà tout deux avec des handicaps et vous Edward, vous n'arrangez rien là ! » Il fronça les sourcils. « Je vais faire ce que je peux... » Nouveau soupir. Et merde... Je n'osais même pas rencontrer le regard de Maria.

Suivant le juge dans une autre pièce, Ambre finit par s’asseoir sur une chaise. Ne sachant pas trop ce que le juge allait lui demander, elle resta silencieuse. Elle n’avait aucune idée de tout ce qui se passait dans l’autre pièce avec les deux couples. Elle espérait juste que ça se passait bien et que tout le monde serait calme jusqu’à l’annonce finale. Se triturant les mains, elle ne pû s’empêcher de ce dire que ce tic elle le tenait de Maria. Laissant l’homme prendre place à ses côtés, elle vit qu’il lui souriait. Mais ça ne la détendait pas pour autant, loin de là d’ailleurs. Soupirant doucement, elle le vit ouvrir un dossier et elle fronça les sourcils. Apparemment il lisait encore plein de choses.

"Ambre ?"

Oui ?

"Je vais te poser des questions et j’aimerais que tu y répondes le plus sincèrement possible. Tu t’en sent capable ?"

Oui.

"Très bien."

Il posa le dossier sur le bureau et la fillette, ne le lâcha du regard au cas où.

"Que penses-tu des Matthews ?"

Ils ont l’air gentil.

"C’est tout ?"

Je ne les aient vus qu’une seule fois alors oui.

"Et Madame O’Berkeley et Monsieur O’Malley ?"

Faisant une grimace, Ambre ne savait pas trop comment répondre à la question. D’accord Thomas lui avait dit de ne pas montrer ses sentiments, mais en même temps, elle voulait avoir une chance de pouvoir vivre avec Maria. Elle ne se voyait pas ne pas dire la vérité sur ce qu’elle pensait de la jeune femme. Hésitant un peu, elle passa une main dans ses cheveux et soupira doucement, avant de fixer à nouveau l’homme dans les yeux.

J’aime beaucoup Maya. J’ai envie de vivre avec elle et je ne veux pas d’autre maman.

"Et pour Monsieur O’Malley ?"

La fillette fit une grimace. Elle l’aimait bien, mais elle le voyait toujours comme un obstacle.

Il est gentil, mais je ne veux que Maya. Je veux une maman et pas un papa.

"Je vois."

Ambre ne savait pas si ça serait en faveur de la jeune femme, mais elle préférait dire la vérité. Alors que le juge allait parler, la porte s’ouvrit et Ambre fronça les sourcils.

Tom ?

Le petit garçon commença à lui parler en langage des signes et surtout il lui expliquait ce qui venait de se passer. La petite fronça les sourcils et sortit du bureau en entendant le juge la suivre. Arrivant devant tous les adultes, elle les regarda tous. Puis, elle tourna son regard vers Edward.

T’es trop nul ! A cause de toi Maya elle pourra pas m’adopter et je vais devoir aller avec eux.

La fillette partit en courant en dehors du bâtiment suivit par Tom et Alice. Le juge lui demanda des explications et convoqua alors tout le monde dans son bureau. S’asseyant, il prit un air plus que sérieux et regarda les hommes des couples.

"Qu’est-ce qu’il s’est passé ?"

Il regardait Edward et Monsieur Matthews, mais il attendait que ça soit les avocats qui parlent. Les écoutant alors avec attention, le juge finit par soupirer et fixa à nouveau les deux hommes.

"Messieurs vous allez attendre à l’extérieur. Je ne verrais que vos compagnes respectives, je ne parlerais qu’avec elle et seule elles pourront tout savoir."

Le juge demanda alors à Thomas d’aller chercher Ambre pour qu’elle revienne et qu’ils puissent parler tout ensemble. Thomas arriva voir Ambre qui était en pleure à l’extérieur. Elle écouta ce que l’avocat disait et prit quelques minutes avant d’enlever les larmes qui avaient coulées sur ses joues. Puis, elle marcha jusqu’à la salle sans un regard pour les deux hommes assit un peu plus loin. Ambre en voyant Maria avait envie d’aller dans ses bras, mais elle se retint et alla s’asseoir à nouveau face au juge qui semblait vouloir d’abord se calmer avant de dire quoi que ce soit.

La réaction d'Edward avait été excessive, Maria en avait bien conscience, mais franchement, sur l'instant elle ne en avait pas du tout voulu pour une simple raison ; elle avait eu envie de mettre une claque à cette femme aigrie. Ces Matthews donnaient presque la migraine à Maria présentement, et plus encore maintenant que le comportement d'Edward risquait de leur coûter très, très cher. Enfin, ils verraient bien une fois avec le juge des affaires familiales. Et cela ne tarda d'ailleurs pas à arriver. Le juge demanda à voir Ambre avec les deux potentielles mères de l'enfant. Maria déglutit de crainte, mais fila en suivant le juge après un regard triste envers son compagnon.

« Monsieur le juge, veuillez excuser le comportement de mon compagnon...c'est juste que le mari de madame l'a poussé à bout et...enfin, je suis désolée. »

« Mon mari ? Vous avez un de ces culot vous ! Ce n'est ni de la faute de mon époux, ni de la mienne si votre compagnon – qui n'est même pas votre mari – a des antécédents graves et inquiétants pour l'avenir de cette enfant ! »

« Cette enfant...elle a un prénom. Vous ne savez rien de moi, ni d'Edward et encore moins d'Ambre. Monsieur le juge, je connais Ambre depuis deux ans et demi maintenant, et le premier jour où je l'ai vu, elle m'a fait craqué avec sa petite bouille d'ange. J'ai de suite comprit ce qu'il m'arrivait. Je suis tombée folle d'Ambre. Depuis ce fameux jour, je n'ai plus cessé de toute faire pour la voir, encore et encore. Elle est comme ma fille monsieur le juge... »

« Je sais Madame O'Berkeley. »

« Co...comment ça, vous savez ? »

« Madame O'Berkeley, lorsqu'une femme qui, après s'être vu refusée une adoption, refait malgré tout une demande n'est pas une femme qui n'en a rien à faire. Je sais que vous aimez Ambre, le fait est que je dois m'assurer qu'avec vous ou avec les Matthews, Ambre sera heureuse. »

Après les dires du juge, Maria baissa la tête quelque peu honteuse de s'être autant laissée emporter par ses sentiments. Elle avait tellement peur de perdre Ambre qu'elle n'avait rien trouvé mieux que de déballer tout ce qu'elle avait finalement sur le cœur. Soupirant, elle laissa la femme Matthews prendre la parole et se contenta d'écouter, de faire comme si les mots que la jeune femme employait n'étaient pas difficiles à entendre, comme si elle n'en souffrait pas. Alors que c'était malheureusement tout le contraire qui se passait en ce moment. Puis vînt le moment pour Ambre de reprendre la parole, un moment qui semblait être décisif pour tout le monde dans la pièce présentement. L'horreur totale en somme.