Le samedi. Il n’y avait rien de mieux qu’un samedi ici, à Berkeley. Ce jour ne vous obligeait pas à vous lever tôt le matin, il n’annonçait pas la fin d’une joyeuse semaine mais le début qu’un week-end et n’était même pas concerné par le retard des devoirs (cette dernière caractéristique étant plutôt réservée au dimanche). Le début d’une liberté, éphémère ou non, mettait tout le monde –ou presque- de bonne humeur. Les couples pouvaient sortir ensembles sans avoir un surveillant dans le dos, les amis pouvaient se voir en dehors des couloirs, certains rendaient visites à leur famille et d’autres se contentait de flâner, profitant silencieusement du calme universitaire pourtant rare. Le samedi soir rimait souvent avec fête et couche-toi tard. Pour faire bref, le samedi était le jour que tout le monde attendait avec impatience, quelle que soit la raison. Hanneli June n’échappait pas à cette impitoyable règle du samedi. Sa motivation ? Elle avait rendez-vous avec Swen.

Il était à peu près neuf heures et demie lorsque la Zêta se leva. Une migraine cinglante la frappa dès son réveil, l’obligeant à s’assoir quelques minutes avant de tenter une quelconque action. Lorsqu’elle entreprit de regarder l’heure, chose qu’elle avait pour habitude de faire dès sa première paupière soulevée, elle s’aperçut qu’aucun chiffre n’y était indiqué. Pas de 9, pas de 8, pas de 7… Aucun ! Intriguée, elle prit son réveil matin entre ses mains et le secoua dans tous les sens. Deux piles bleues tombèrent automatiquement sur la couette. Plus de piles, plus de batterie. Plus de batterie, plus de réveil. Plus de réveil… Merde mais plus d’alarme pour la réveiller ! Prise de panique, elle se leva d’un bon et s’étourdit. Bobo la tête. Hanneli pris alors son téléphone portable, en espérant ne pas s’être levée trop tard. Là, il était indiqué neuf heures et trois quart. Elle avait intérêt de se dépêcher si elle voulait être à onze heures à la patinoire.



* Alouette, gentille alouette. Alouette, je te plumerais. Je te plumerais la tête, je te plumerais la tête. Et la tête ? Et la tête ! Alouette ? Alouette ! Ah…*



La situation n’était pas à l’avantage de la demoiselle. Cette comptine française pour enfants lui était venue soudainement en tête. Elle avait si mal à la tête qu’elle avait l’impression qu’on lui avait plumé la tête. D’ailleurs, elle ne pu s’empêcher de penser que l’air était enjoué, que les enfants chantait cet air toujours gaiement. Cela n’était-il pas un tantinet malsain ? Si on en croyait les paroles, les enfants se réjouissaient de chanter l’oraison funèbre d’un pauvre oiseau que l’on tuait à petit feu dans d’atroces douleurs. Et comme si cela ne lui suffisait pas, on devait à chaque refrain lui rappeler tout ce qu’il avait enduré.



* Et le dos, et le dos. Et le cou, et le cou. Et la tête, et la tête. Et le bec, et le bec. Ah…*



Ah… et cela les faisaient rire en plus. Mais l’heure n’était plus à la psychanalyse des comptines pour enfants, elle avait perdu encore dix minutes à rêvasser. Elle prit sa douche et s’habilla en un temps record. La motivation était de taille. C’est alors qu’elle partie en coup de vent, sans n’avoir rien dans le ventre et vêtue d’un jean serré délavé, d’un léger gilet bleu marine et de sa veste. Un sac pour l’argent, les papiers d’identités et ça faisait l’affaire. Sur son chemin, elle croisa deux trois personnes de sa connaissance. Pas le temps pour les conneries, désolée, je file.
June’ sorti son téléphone de sa poche et consulta l’heure, espérant ne pas arriver trop en retard. Il indiquait à présent dix heures quarante huit. Toute personne normale serrait rassurée puisqu’il restait une vingtaine de minutes avant l’heure convenue. Or, avec Swen, fixer le rendez-vous à onze heures revenait à venir une demi-heure à l’avance grand minimum. Elle savait que son frère adoptif serait là bien avant elle, et la jeune fille détestait le faire attendre. Tout le monde oui, mais pas lui. Elle l’aimait trop pour ça. Il était celui à qui elle pourrait toujours tout dire, celui qui la soutiendrais peut importe ses tords. C’était le frère qu’elle avait toujours souhaité avoir.

Elle arriva au lieu de rendez-vous. Son portable indiquait tout juste onze heures. Mais là, elle remarqua que la patinoire indiquait qu’il était dix heures. Alors, était-il dix ou bien onze heure ? Elle demanda l’heure au premier venu. Il s’agissait d’un homme relativement âgé, moustachu et sûrement de mauvaise humeur puisqu’il lui répondit sèchement :



VIEIL HOMME ; « Êtes-vous aveugle mademoiselle ? Regardé l’horloge de la patinoire, elle indique dix heures ! Les jeunes de nos jours ne savent même plus lire sur un cadrant. Et en plus ils sont maladroits. C’est pas beau à voir »



Vieux grincheux pensa t-elle. Répondu comme ça, Hanneli ne pris pas la peine de lui dire merci. Elle se contenta de dévisager le vieux et de partir dans la direction de Swen, qu’elle avait repéré un peu plus tôt. Il était donc dix heures, son portable lui avait joué un tour on dirait. Heureuse de ne pas avoir trop fait attendre Swen, elle s’assit à côté de lui, posa sa tête contre son épaule et soupira.



HANNELI JUNE ; « Bonjour beau jeune homme. Que faites-vous seul à une heure pareille ? »



Elle était contente de le voir et souriait.

Hanneli June était toujours tête posé sur l’épaule de son ami. Elle attendait une réaction de sa part qui, elle le savait, n’allait pas tarder.




SWEN ; « Bonjour ! Le beau jeune homme attend une des filles les plus exquise et adorable de la Terre, la connaissez-vous miss Hanneli ? »



Tiens, qu’est-ce qu’elle disait ? La réponse fut presque immédiate. Il avait reprit le même jeu de mot qu’elle, ce qui lui était plutôt plaisant. Swen n’y allait jamais de main morte concernant les compliments qu’il lui attribuait et, venant de sa part, cela réchauffait toujours autant le cœur de la demoiselle.
Hanneli voulu entreprendre se s’écarter un peu de son ami pour pouvoir enfin le voir de face, mais elle n’en eu pas le temps. Le jeune homme la serra contre lui avec autant d’amour fraternel qu’il lui était possible de donner, dérobant une autre sourire de Hanneli qui, décidément, était très heureuse de voir son ami. Il sentait bon. Swen sentait toujours bon. Pas une odeur trop prononcée mais plutôt un parfum agréable et chaleureux à la fois. Elle aurait bien aimé rester un peu plus longtemps dans ses bras, mais ils avaient une journée à commencer. Elle s’écarta doucement, mais pas entièrement, et son ainé lui déposa un bisou sur le front, symbole de protection. Aussitôt, il dit :




SWEN ; « Tu sais que tu m'as manqué toi ? Alors comment vas-tu ? Qu'est-ce que tu deviens ? Quoi de neuf ? Bon et puis toutes les autres questions habituelles, je veux tout savoir en détails. Enfin, tout ce que tu voudras bien me dire. Et après, cela je te propose qu'on aille faire un tour à la patinoire. Et, si t'as du temps... Beaucoup de temps de libre aujourd'hui, je te propose même de t'inviter au restaurant ! Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire, du moins pour le moment. Enfin si jamais on va au restaurant faudra que je repasse par ma chambre pour me changer, parce que je me suis fait renversé du café dessus. Ça fait un peu crade ... Pour la patinoire ça ira vu que de toute façon vu les gamelles que je vais me prendre il y a des risques que je me salisse... Enfin bon. »



Swen dans toute sa splendeur. S’il le voulait, il pouvait rester de marbre mais avec Hanneli, son débit de paroles augmentait considérablement. Elle était certaine de ne pas pouvoir répondre à toutes ces questions et que, par conséquent, il les lui reposerait quelques minutes plus tard. De manière générale, la Zêta déteste lorsqu’une personne lui coupe la parole ou parle tellement qu’elle ne peut placer aucun mots. Mais avec lui ce n’était pas la même chose. Ces mots la réconfortaient et sans eux, la conversation serait franchement ennuyante. Il était pour elle comme l’exception qui confirmait la règle. Oui, c’était exactement ça. Elle rigola silencieusement puis entreprit de lui répondre, après s’être levée avec son aide,




HANNELI JUNE ; « Tu m’a vraiment manqué aussi. »



La pause qu’elle marqua fut assez longue. Elle cherchait ses mots et ne savait pas par où commencer. Il y avait tellement de chose qu’elle avait à lui dire, et il en avait sûrement autant pour elle. La journée s’annonçait déjà trop courte.
Souhaitant taquiner un peu le thêta, elle continua ainsi :




HANNELI JUNE ; « Si j’ai l’air d’aller bien, c’est que je vais bien :) Par contre, il y aura incontestablement un problème concernant mon temps libre de la journée…En fait, j’ai déjà prévu un truc avec quelqu’un qui compte vraiment pour moi. Je ne peux pas annuler pour toi tu comprends… »



Voyant son ami quelque peu désarçonné et déçu, elle sourit de plus belle et mis un terme à sa plaisanterie.




HANNELI JUNE ; « La vérité, c’est que j’avais moi aussi déjà prévu d’aller au restaurant avec mon meilleur ami. La seule différence, c’est que c’est moi qui t’y invite, pas le contraire ! »



Il pouvait maintenant se rassurer, sa journée lui était entièrement dédiée. Hanneli et Swen se prirent la main. Ce geste était tout naturel chez eux. Il s’agissait seulement d’un grand-frère s’occupant de sa sœur, sauf qu’ils n’avaient pas le même sang. Le petit groupe de gosses qui se trouvait à côté d’eux pouffaient, croyant voir un jeune couple. Amusée, Hanneli se retourna vers, les fixa longuement… puis leur tira la langue comme une grande gamine. Satisfaite d’avoir pu semer le doute dans l’esprit des enfants, elle regarda Swen qui avait vu la scène et allait peut-être lui dire encore une fois que merde June, tu exagère mais que c’est fou comme tu exagère si bien.
Pourtant, il ne lui dit rien de ce genre cette fois-ci.




SWEN ; « Je crois que j'ai oublié de te dire à quel point je suis ravi de te voir, et surtout à cette heure-là ! Je commençais à en avoir marre de poireauter, même si c'est vrai que c'est entièrement de ma faute, je n'ai cas pas arriver si tôt aux rendez-vous, mais bon, j'étais réveillé depuis un moment... Je m'ennuyais donc... Donc je me tais enfin et je te laisse parler, je suis désolée Hann', je me suis encore laissé emporté tout seul ... N'hésites pas à m'arrêter dans ces cas-là sinon je peux continuer pendant des heures, et tu finiras par t'endormir parce qu'à la longue ça doit être endormant... Enfin je pense! En tout cas en cours quand les professeurs parlent pendant des heures d'une voix morne ça a tendance généralement à m'endormir. Mais bon, je sais que ce n'est pas tout à fait la même chose, je ne sais pas pourquoi je compare d'ailleurs... DE-SOL-LE, promis cette fois c'est motus et bouche cousue ! »



Le garçon paraissait gêné, ce qui frustra légèrement la miss. Depuis quand est-ce qu’ils étaient gênés entre eux ? A cet instant, on aurait dit un gamin, les mains dans les poches, comme après une bêtise. Hanneli ne pu s’empêcher elle aussi de parler, de parler vraiment longtemps. Elle voulait qu’il comprenne que la taille du discours ne la dérangeait pas et pour ça, elle n’avait pas trouvé mieux que de faire pareil. Ainsi, il se rendrait. Du moins, elle espérait.




HANNELI JUNE ; « Swen ! Idiot ! Abruti ! Crétin ! », Sa voix se radoucit, « Je te reproche pas d’être arrivé à l’avance. Au contraire, ça m’a sérieusement bien aidé par ce que sinon je serais encore toute seule à cette heure-ci. Imagine-moi, seule sur mon bout de trottoir, attendant désespérément, dépitée de ne pas pouvoir encore te voir. Bah, grâce à toi et à ton avance maladive, j’ai pu éviter tout ça, et notre journée ensemble n’en sera que plus longue. C’est pas comme les cours. En cours, les profs me gueulent dessus parce que je fais pas bien ci, je fais pas bien ça, ils me schtroumpfent sur le haricot parce que je finis ma nuit –ou la commence d’ailleurs. Si tu commences à te taire maintenant, c’est la que l’effet soporifique des cours va commencer. Parce qu’après c’est moi qui vais devoir trop parler. C’est ce que je fais là, non ? J’ai pas trop l’habitude, attends un peu que je reprenne mon souffle »



Les mots avaient coulés sans qu’elle n’ait eu le temps de réfléchir à leurs sens. N’étant ni anglaise, ni américaine, elle avait du faire un nombre de fautes énormes dans ses phrases. Avant, elle en aurait eu honte mais aujourd’hui, ils avaient appris à ce comprendre. Elle était là toute l’histoire de leur amitié.




HANNELI JUNE ; « Alors, on y va à cette patinoire :) ? »

Swen était totalement contre l’idée qu’elle puisse payer le restaurent. Elle ne rajouta rien pour l’instant mais comptait bien lui en toucher deux mots plus tard. Hanneli était quelqu’un d’autonome et Swen avait déjà payé la dernière fois, et la fois d’avant, et encore celle d’avant… Elle voulait payer et elle n’allait de toute manière pas lui laisser le choix. Elle n’était pas riche, mais avait fait des économies et avait travaillé quelques semaines. Le travail n’était pas énorme mais lui demandait du temps, d’où sa fatigue du moment. De ce fait, elle avait du annuler ses cours de français donnés à Brandlynn, et les leçons de piano de David.




SWEN ; « Je me doute bien que tu ne me reproches pas d'être arrivé à l'avance je faisais juste une remarque sur cela ! Et comme tu le dis heureusement que je suis arrivé à l'avance, sinon tu serais restée seule ici. Et qui sait ce qui aurait pu t'arriver ?! Tu aurais pu te faire enlever ou agresser. J'exagère peut-être un peu, mais tu es si adorable que tu es une cible potentielle, sans vouloir t'offenser ou te faire peur, et je m'en serais voulu à mort si quelqu'un avait touché le moindre de tes cheveux, parce que ne j'aurais pas été là pour te protéger ! »



La jeune fille sourit. Ce genre de comportement la touchait au plus haut point. L’affection n’avait jamais été le fort de sa famille. Sa mère était un véritable mystère nuancé de brouillard, son père un inconditionnel de l’amour non-démonstratif. Pas de sœur, pas de frère. Du moins pas qu’elle n’ai connu durant son enfance. Son frère ? Elle l’avait trouvé ici, à Berkeley. Dans tous les sens du terme… Elle devrait bientôt le dire à Swen mais avait un peu peur de sa réaction. Elle avait toujours dit au garçon que c’était lui son frère, qu’il n’y en aurait pas d’autre. Comment réagirait-il si Hanneli lui annonçait qu’un des professeurs de l’université était en réalité son demi-frère caché ?




SWEN ; « Tu sais que si t'as des problèmes à cause des cours tu peux venir me voir ?! Ma porte te sera toujours ouverte, jour comme nuit. Tu n'as cas frapper et entrer. Et puis d'abord tu fais quoi pour être si fatiguée ? Si tu t'endors en cours et que vas à trop de fêtes, il faudrait peut-être un peu stopper non ? Enfin, je sais que je fais tout le contraire de ce que je te conseille, et que les fêtes je les enchaine, mais d'un côté je suis un peu insomniaque, et je m'endors pas en cours, ou si peu ... Je veux vraiment que tu réussisses moi. Et en ce qui concerne si je dois me taire ou non, tu dois bien être une des seules à supporter autant de temps mon débit de paroles. Mais, ça, c'est sûrement parce que t'es ma meilleure amie non? Et puis, je peux me taire un peu, tu te débrouilles à merveilles !! »



Elle lui dit alors, dans un français tel qu’il ne comprendrait sûrement pas,




HANNELI JUNE ; « Tu t’inquiètes trop. Je vais bien. »



La demoiselle poussa la porte d’entré gelée de la patinoire, et admira. Ce n’était peut-être qu’un hall simple, avec comptoir de caisse, patins à dispositions, portes de vestiaires, mais n’étant jamais entrée dans une patinoire, Hanneli observait tous les détails avec attention. Elle ne savait pas trop par où aller pour commencer et se résolu à suivre Swen, qui reprit de plus belle.




SWEN ; « Je reprends, cette histoire de restaurant. Tu sais que c'est pas la peine, je peux très bien, ça me fait plaisir... Pourquoi tu veux payer d'ailleurs ? Bon, et sinon est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre que moi dans ta vie ? Je suis très curieux je sais... »



La Zêta était sur le point de riposter avec un argument de choc concernant qui paierait le restaurant lorsque son meilleur ami changea de sujet. Un sujet pas très plaisant à ses oreilles. Ni sa mémoire.




HANNELI JUNE ; « …Je…Il y a… Non il y avait… enfin il y est toujours mais… »



Elle se tut et baissa les yeux. Swen était très au courant de ce qu’il s’était passé quelques mois avant son admission à Berkeley. Hanneli savait très bien qu’il était inutile de continuer à l’aimer, elle savait pertinemment qu’il ne reviendrait jamais d’outre tombes. Mais c’était un sujet sensible qu’elle avait du mal à considéré comme passé. Mais elle se ressaisit, ils étaient là pour passer du bon temps, pas pour remuer ce qui devait être enterré.
D’ailleurs, se Swen avait instinctivement abordé ce sujet là, c’était qu’il y avait forcément matière à raconter. Elle sourit pour lui montrer qu’elle allait bien puis le questionna.




HANNELI JUNE ; « Swenouche… Mon p’tit Sweny…Ton aura radieuse depuis tout à l’heure, elle n’est pas due qu’à moi n’est-ce pas ? Oh comme je te connais… Raconte à ta petite sœur qui est la fille de ton cœur ! »

Swen s’était vite excusé lorsqu’il s’était rendu compte de ce qu’il avait dit mais Hanneli ignora ses excuses. C’était bon, il n’avait pas à s’excuser, elle ne lui en voudrait jamais, ce n’était pas de sa faute.
Puis, paraissant angoissé, le garçon reprit la parole.

SWEN ; «Et ben déjà... On ne peut pas vraiment dire que se soit une fille... Enfin c'est David! Je... Comment dire. Ce n'était pas du tout prévu, prémédité... Hum... Ca c'est fait comme ça, tout seul, à une fête ... Je sais pas trop si tu es courant pour la partie qu'il y a eu dans la piscine.... Enfin voilà, ça c'est passé là-bas. Heu. Bah, je pense pas qu'il y ait grand chose d'autres à dire. De toute façon, tu devrais en entendre parler d'ici peu de temps, si c'est pas déjà le cas ... »

Méthode simple et efficace lorsqu’on est stressé à l’idée d’exposer une opinion ou une idée : cash, puis les justifications. Mais Hanneli n’écoutait déjà plus ce que disais son meilleur ami, son assiduité auditive s’étant arrêtée au peu après « prémédité ». Elle souriait. Elle souriait tel que ses joues commençaient à lui faire mal. Elle était vraiment heureuse pour lui, vraiment. Et pourtant, cet idiot de meilleur ami en doutait encore puisqu’il ne la regardait pas en face et que son teint écarlate trahissait sa gêne.
Welcome to the 21st century darling, deux hommes ensembles, ça ne choque plus. Du moins, pas miss Coldman. Elle voulu lui faire part de sa joie, mais il lui coupa la parole.

SWEN ; « Tu sais, ça ne changera rien entre nous. On se verra aussi souvent que possible. Et tu seras toujours ma meilleure amie, ma petite sœur, ma confidente Hann'. Ne t’inquiète pas. J'te promets que tu es l'une des personnes les plus importantes pour moi, et personne ne changera cela »

Cela rassurait la jeune fille. En réalité, elle ne savait pas trop si ce qui la soulageait était le fait qu’il sorte avec quelqu’un, avec un homme, David plus particulièrement, ou si c’était le fait qu’il lui assurait que rien ne changerait.
Une fille c’est compliqué, sa pique des crises de jalousie et sa supporte pas que la meilleure amie de Swen soit une fille. En fait, le fait qu’il ne sorte pas avec une fille la rassurait. Et puis David quoi. Elle le connaissait relativement bien et était heureuse que soit lui qu’il ait choisit

SWEN ; « Bon, sinon ma belle. Tu n'as rien à me dire? Je suis sûr que t'as quelque chose à dire. Au moins sur tes cours, tu t'en sors mieux ? »

C'était quoi ce changement brusque de conversation ? Ah mais non.

HANNELI JUNE ; « Je vais être franche : je préfère que tu sortes avec un homme qu’avec une femme. C’est moins chiant, et au moins t’es sûr que pas lui faire une chier de gosse par accident. Non sérieusement, je suis heureuse. Mais ne crois pas t’en sortir comme ça beau brun… Je veux, J’EXIGE tous les détails… »

Hanneli choisit ses patins, et pensa qu’elle n’avait jamais mis les pieds sur la glace. Il faudra faire attention à ne pas tomber donc.

HANNELI JUNE ; « s’est passé quoi à cette fameuse party mousse ? »

Elle souriait d’un air moqueur, curieuse de savoir.