Isis vagabondait dans les terrains du campus. Elle n'adorait pas vraiment cet endroit, mais elle serait aller n'importe où pour échapper à l'ambiance festive de la maison des SIGMA. Isis avait peut-être fait le mauvais choix en rejoignant une confrérie. Dans cette résidence, pas moyen d'être un peu seule et en plus c'était la fête à tous les soirs. Isis en avait assez de voir partout des gens heureux à qui la chance souriait. Toutes ses personnes qui ne comprennent pas ce que sont les vrais problèmes. Ce que c'est que d'avoir vécu des choses atroces. Mais bon, peu importait que personne ne la comprenne, car de toute façon elle voulait être seule. La jeune femme s'assit par terre et savoura le silence. Quelques larmes salées coulaient sur ses joues, mais l'étudiante en était indifférente. Cependant, bientôt Isis regretta le bruit de la fête, car le silence la forçait à revoir les images atroces qu'elle revoyait chaque nuit. La douleur lui transperça la poitrine et ses douces larmes se transformèrent en d'énormes sanglots et un flot de pleurs rageurs. Isis avait du mal à respirer avec tous ses sanglots. La jeune danseuse avait toujours cru que le fait d'avoir le coeur brisé n'était qu'une image, mais en ressentit pour la première fois la sensation. Son coeur se brisa en de milliers de morceaux lorsqu'elle comprit qu'elle ne pourrait jamais oublier ses fantômes du passé. La jeune femme, qui avait jadis cru cela possible, comprit que le passé ne pouvait être oublié. Les larmes continuaient de couler à une vitesse phénoménale, mais Isis n'y portait pas attention. Elle se leva et courut, tentant de chasser ses idées noires. Après plus d'une demi heure de course, épuisée, la Berkeleynne se jeta par terre et se recroquevilla avec l'intention de resta là pour l'éternité. Isis ne remarqua même pas la jeune femme qui était elle aussi recroquevillé à quelques centimètres d'elle.

Roulée en boule, Isis n'avait qu'une envie... Ne rien faire du tout. Mais malheureusement, l'aube commençait déjà à se pointer et les joggeurs matinaux ne tarderaient pas à venir courir. Pourtant, seule - enfin, c'est ce qu'elle croyait -, elle était si bien... Tandis que son esprit vagabondait, Isis se surprit à penser à ce que aurait pu être sa vie si elle était née aux États-Unis. Avec les droits de l'homme et tout, malgré sa pauvreté, tout aurait été tellement plus facile.

*Idiote ! Arrête de rêver...* pensa-t-elle

Tandis que Isis était complétement perdu dans ses pensées, une voix nerveuse la fit sursauter.

- Excusez-moi, mais qu'est-ce que vous faites ici, à une heure pareille, et n'essayez pas le coup du "Je pourrais vous renvoyez la question".

Malgré sa détresse, Isis sourit vis à vis le manque de tact de la voix. Ça lui faisait pensé à elle qui allait toujours droit au but. Isis pensa d'abord à ne rien répondre comme elle le faisait si souvent lorsqu'elle ne voulait pas répondre à une question, mais s'y abstenue à cause du ton de la jeune femme à ses côtés probablement française à cause de son accent. Elle aussi avait l'air pleine de tristesse et cela toucha Isis, car la Française semblait avoir vécu également d'atroces choses. Isis se redressa et se tourna vers la femme.

- Si je vous le dit, vous aller me le dire également, si ? demanda Isis.

Sans vraiment attendre de réponse, elle reprit.

- Donc, il y avait une fête chez les SIGMA et le bonheur des autres m'énervaient franchement, alors j'ai décidé d'aller marcher un peu. Mais là, le silence m'a rappelé des choses atroces que je tentais d'oublier, donc j'ai couru... Après une demi-heure de course, je me suis jeté par terre et je me suis retrouvée ici à côté de vous. Ne vous vexez pas si je ne vous ai pas remarqué, car c'est que ma tristesse m'empêchait de voir ce qu'il y avait autour de moi. Et vous savez pourquoi j'étais triste ?

Isis reprit son souffle, parce qu'elle avait déballé tout ça à une vitesse phénoménale. Puis, elle recommença son récit...

- Je viens des Bahamas et ma famille était très pauvre. J'ai de nombreux frères et soeurs et à l'époque tous travaillaient pour de bien bas salaires. Un jour, lorsque j'avais sept ans, mon père m'a envoyer comme gouvernante dans une puissante famille de l'île. Mais, si seulement mon travaillait se contentait d'être le ménage... À chaque soir, le maître de la maison me faisait venir dans son bureau et... et... Bon enfin, vous comprenez ce que je veux dire ! Je ne l'ai pas dit à ma famille de peur qu'elle me renit. Ce cauchemar a duré jusqu'à mes treize ans où mon père m'a marié avec un homme de trente ans mon ainé. Après la cérémonie, il m'a emmené dans sa demeure et ma battu par pur plaisir et lorsqu'il s'est rendu compte que je n'était plus vierge depuis longtemps, il m'a violée puis ma jeté dehors. Alors, je suis allé voir mon frère qui m'a hébergé et qui m'a donné de l'argent pour aller vivre aux États-Unis. J'ai appris à lire et à écrire, ainsi j'ai eu mon diplôme. Je dansais dans un bar pour avoir des revenus.J'ai postulé pour plusieurs universités et Berkeley a été la seule à croire en moi. Alors, me voilà ici étudiant la danse, le chant et les langues !

Isis s'interrompit et fronça les sourcils.

- Désolé.. Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte ça alors que je ne vous connais même pas ! Vraiment navré..

Quelle idiote ! Pourquoi avait-il fallu qu'elle lui déballe toute son histoire à cette inconnue ? En plus, elle n'avait jamais réussi à raconter sa vie à qui que ce soit. Alors, pourquoi à elle ?