Kyoko en avait marre de faire toujours les mêmes choses et voulait mettre un peu de peps dans sa vie aujourd'hui. C'est alors qu'elle regardait pour la énième fois "Les liaisons dangereuses" (avec John Malkovitch, un de ses acteurs favoris) qu'une idée lui traversa l'esprit. Elle hésita entre deux garçons et opta pour Kienan. Après tout ils ne se voyaient toujours qu'en soirées qu'ils finissaient presqu'à chaque fois dans un lit... pas forcément le leur. Et pas forcément un lit d'ailleurs!
Enfin bref, elle avait envie de voir s'il était joueur et fouilla dans ses affaires pour retrouver son deuxième téléphone portable. Celui ci ne luis evrait que pour ses petites opérations. Pris sous un faux nom, le forfait était à carte et elle changeait de numéro quand bon lui semblait. Kienan ne connaissait donc pas ce numéro. Elle lui envoya un texto : "Rendez vous à la cabane ce soir à 21h. Ne sois pas en retard, Lady Fortune n'attendra pas... Ps: soit en forme"
Pas la peine de faire un message trop long chargé d'intrigues. Il connaissait le lieu, réputé pour faire peur et accueillir de nombreux couples, et le ps indiquait bien que ce n'était pas pour jouer aux cartes.
Elle n'attendit pas la réponse et se mit en quête de ce dont elle avait besoin pour sa soirée : lampe à pétrole (ça craint moins que les bougies), préservatifs, des autocollants spéciaux, foulard, vêtements, sous vêtements.... Elle établit une liste dans sa tête puis rempli un sac avec tout ce qu'elle avait sur place. Il ne lui restait plus qu'à aller acheter deux lampes et du gros scotch rouge.
Sur le chemin du retour elle fit un détour par la cabanne pour faire un brin de ménage. Sur la porte en sortant elle colla ses auto collants spécial dératisations et banni l'entrée avec du gros scotch rouge. A priori ça devrait dissuader quelques personnes de venir squatter.

Enfin elle prit sa fin d'après midi pour se préparer et se rendre, en avance et déjà masquée au lieu de rendez vosu. Sait on jamais s'il observait qui venait....

17 :30

Kienan Darlyle poussa un des plus longs soupirs de sa vie. Encore une demie heure d’Eco et Gestion, et il pourrait sortir de cet enfer. Une journée sans saveur, et longue, si loooongue.

Il comptait les minutes au péril de son existence, n’écoutant ni le professeur s’acharnant à leur faire comprendre telle ou telle notion qu’il connaissait déjà, ni ses voisines de droites embarquées dans une conversation pourtant probablement passionnante à propos de… garçons, évidemment. Tandis qu’il contemplait la pendule pour la trois cent cinquante millième fois depuis le début de l’heure, son portable vibra dans sa poche, le délivrant de son mutisme. En dessous de sa table, Il regarda le petit texte qu’affichait l’écran et phasa une minute entière devant le numéro inconnu de l’émetteur. Il était rare qu’un étranger lui envoie des messages… Quoi qu’il en soit, curieux, il l’ouvrit et conclut rapidement que l’envoyeur le connaissait :

"Rendez vous à la cabane ce soir à 21h. Ne sois pas en retard, Lady Fortune n'attendra pas... Ps: soit en forme"

Kienan sourit à cette lecture : enfin quelque chose pour ranimer cette journée, morte depuis environ sept heure ce matin. Kienan avait toujours vécu la nuit, après tout.
Evidemment, l’expéditeur n’avait pas signé, celui-ci se contenterait donc, en guise de réponse, d’un « J’y serai. », envoyé à la va-vite en dessous de la table.

Le reste de l’heure passa plus vite que prévu maintenant qu’il avait quelque chose en tête. Il connaissait, bien évidemment, la double réputation de la cabane abandonnée de San Francisco, et put donc à loisir se concentrer sur toutes sortes de scénarios, sans avoir la moindre idée de ce qui, ou plutôt de qui l’y attendait.
Ni une ni deux, la cloche sonna la fin du cours, Kienan attrapa son sac et s’en fut, comme à son habitude le premier à quitter l’amphithéâtre.

Sitôt dehors, il sortit une cigarette qu’il alluma le temps de parcourir la distance qui le séparait de la résidence des GAMMA. En tête toujours ce fameux message qui le troublait autant qu’il attisait sa curiosité (et Dieu sait que Kienan était du genre à aimer les nouveautés). Il prit son temps pour rentrer, se mit sous la douche, enfila un pantalon et une chemise noirs, attrapa son éternelle veste noire puis regarda l’heure… Bon sang, 19 :45. Qu’allait-il bien pouvoir faire jusque là ?... L’étudiant s’allongea sur son lit et s’endormit.

Une heure plus tard, monsieur se réveilla, se leva, fourra ses poches de ses indispensables, et examina sa montre, un sourcil levé : il n’avait pas prévu l’heure pour se rendre jusqu’à là-bas… Bon… Vingt minutes de retard n’avaient jamais tué personne, après tout… Par respect pour la personne qui l’attendait là-bas, il pressa tout de même un peu le pas et se retrouva pas si en retard que cela à la lisière de la forêt.
Bon. Il faisait nuit noire, et tout en contemplant les arbres menaçants, Kienan, pourtant d’ordinaire audacieux, hésita une demie seconde à s’y engouffrer… Bon, allez, il avait été jusque là, il pouvait au moins aller jeter un coup d’œil à ce qui l’attendait, au pire des cas, un demi tour s’imposerait, et il ne serait pas malheureux de quitter l’endroit.

Empruntant le chemin le plus large de la forêt, il s’alluma une cigarette de plus et évita de penser à toutes les conneries qui pouvaient se trouver à cet endroit en ce même moment. Quand on avait quelque chose à quoi penser, de quoi se changer les idées, les bois n’étaient pas si effrayants, plutôt jolis même, quand on apercevait la lune entre deux arbres. Il marcha une dizaine de minutes, se rendant finalement compte qu’il n’avait que très rarement mis les pieds dans cette cabane et ne se rappelait donc que vaguement de son emplacement…

* J’espère qu’il est pas pressé, celui qui m’attend… *

s’intima-t-il en regardant sa montre afficher 21 :23.

Il aperçut finalement la demeure, bien dissimulée au fond des fourrés, et allumée en tout et pour tout par ce qui, depuis l’extérieur, ressemblait à une flamme. Des bougies peut-être ? Bref.
Il s’engagea sur le sentier, la clope au bec, de sa démarche assurée : arrivé à destination, Kienan redevenait le joueur qu’il était au naturel, le banal le faisait fuir.

Il observa une minute les autocollants et le scotch qui barraient l’entrée, le temps de finir sa cigarette, de l’écraser contre la porte et de le jeter dans le buisson le plus proche… Quoi ? La forêt avait dû en voir des pires, je vous l’assure.
Sa seule possibilité était maintenant de frapper à la porte et de laisser la suite le porter. Peut-être allait-il déranger quelqu’un ? Peut-être s’était-il mépris ? Et alors ?
Il s’exécuta sans plus tarder.

Kyoko avait fini de préparer la cabane. Elle ne sentait plus le renfermé mais l'encens d'eucalyptus. C'était une très bonne marque, pas du genre qui vous donne mal au crâne en moins de deux. La pièce était à peine éclairée par les deux lampes à pétrole ce qui lui donnait une dimension intime et mystérieuse. Elle avait recouvert le vieux canapé avec une housse satinée et mis quelques voilages par ci par là. A quelques détails près on aurait dit une des chambres du personnage Lady Heather dans CSI. Ce n'était pas grand chose par manque de temps et bon ce n'était qu'une soirée dans une cabane ! Mais au moins celle ci était plus accueillante. Kyoko adorait la déco, d'ailleurs elle changeait régulièrement celle de sa chambre. Encore une preuve de son côté instable sans doute...
Il était presque l'heure. Elle se fit une dernière retouche beauté sous son masque, arrangea ses vêtements, s'assura qu'elle n'avait pas oublié sa glacière avec le vin... Tout était prêt pour une soirée agréable. 21h05. Elle jeta un coup d'oeil rapide dehors : personne en vue. Monsieur était en retard. Et on parlait des femmes ! Pour patienter elle mis de la musique avec son iphone et textota l'une de ses amies. 21h15. Pas de message de Kienan, elle supposa qu'il venait toujours et se donna dix minutes avant de se décider à partir. Elle commençait à ruminer se disant qu'elle se vengerait s'il lui posait un lapin.
Alors qu'elle commençait à se lever pour partir on frappa à la porte. Pas trop tôt ! En admettant que ce soit bien lui.
Elle réajusta son masque et ses cheveux, et s'approcha de la fenêtre. Son manteau-robe était assez court pour dévoiler ses porte jaretelles lorsqu'elle bougeait, et assez décolleté pour dévoiler une partie de sa poitrine bombée dans son bustier. Sans se faire voir elle vérifia qui frappait : c'était bien lui.
L'iphone jouait "Little 15" de Depeche Mode.
Elle fit quelques pas de plus et ouvrit la porte doucement, pour que Kienan découvre d'abord son pied, puis sa jambe.... Jusqu'à son visage masqué.Elle le regarda de haut en bas, il était habillé sobrement mais terriblement beau, comme toujours. Sans un mot elle l'invita à entrer...

Kyoko aimait aussi bien les hommes que les femmes. A la seule différence que, jusqu'ici, elle ne serait pas vue en couple avec une femme. Elle aimait trop les bras d'un homme. En revanche elle n'avait aucun style. Elle marchait au feeling. Et s'ils devaient discuter un peu mieux valait éviter qu'ils soient idiots car ça lui gachait le plaisir. Lutter ? Parfois cela pouvait être drôle et excitant comme avec Nelligan. Mais là il s'agissait de Kienan. Ils avaient déjà partagé quelques moments intimes et ce soir elle en voulait un autre mais un peu différent de d'habitude. Elle avait envie de jouer un peu, sans doute inspirée par un flm d'époque qu'elle avait visionné dernèrement.

Il avait accepté le rendez vous, et bien qu'en retard elle l'avait laissé entrer dans la cabane. La musique semblait prendre possession de la pièce envoûtante. Comme dans un roman du marquis de Sade, elle appelait à la luxure... Kienan la suivit à l'intérieur et se mis à l'aise. Elle l'entendit retirer sa veste et devina qu'il avait déboutonner certains des fermoirs de sa chemise. Il s'assis ensuite sur le divan et elle sentait son regard sur elle alors qu'elle se dirigeait vers la glacière. Elle sentit alors qu'il avait attrapé la ceinture de son manteau et maintenant il tirait dessus pour qu'elle s'approche de lui. Ce qu'elle fit d'une démarche élégante. Ses talons claquaient sur le sol en bois et en quelques pas elle fut face à lui. Elle tendit une main gantée vers le hu de son torse, effleurant sa peau dénudée, puis elle remonta sur sa gorge, son menton et enfin ses lèvres. Elle les dessina du bout des doigts. Il pouvait tout juste sentir le tissu doux. Elle aurait voulu regouter ses lèvres mais elle voulait attendre, ne pas enlever son masque de suite... Voir ne pas l'enlever du tout. Peut être devinerait-il qui elle était mais peut être pas. Cétait excitant ce doute...

Elle glissa son autre main sur la sienne qui tenait la ceinture et lui fit tirer plus fortement dessus afin de d'ouvrir son manteau, en douceur. Qu'il découvre petit à petit sa tenue. Elle eut quelques frissons et ne le quittait pas des yeux.

Spoiler:

Elle leva ensuite la jambe pour mettre son pied sur le canapé à droite de Kienan. La main qui caressa sa bouche se porta à la sienne, elle mordit le bout du gant pour le retirer et fit de même avec le second, dévoilant de jolies mains, soignées. Les gants tombèrent au sol sans un bruit.